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Le grenier des doublages de dessins-animés japonais

21 août 2017

Reprise

Hisashiburi da na chers internautes ! (Ca fait longtemps)

 

Bien des choses se sont produits depuis mon dernier message ! Après une formation d'une année, j'ai enfin un peu de temps devant moi pour reprendre officiellement le blog. Un récapitulatif rapide des derniers événements concernant les doublages perdus :

 

- La VF d'époque des films Cyborg 009 a été retrouvée et restaurée par une petite équipe de fans. Je ne dévoilerai pas de lien sur ma page, mais les intéressés peuvent me contacter par MP.

 

- Une page Facebook est désormais consacrée aux doublages perdus, elle propose à la fois les dernières actualités concernant les doublages perdus dans l'animation japonaise et la mise en ligne de nouveaux articles. Même nom que pour le blog : Le Grenier des doublages de dessins-animés japonais.

 

- Entre-temps deux nouveaux films diffusés dans les années 60, ''Alakazam le petit Hercule'' et ''La Forêt des sortilèges'' ont été identifiés comme ayant eu droit à une sortie cinéma en France à la même époque. ''La Forêt des Sortilèges'' a été diffusé en septembre 1961 dans le Nord et la Belgique, soit quelques mois avant ''La Légende de Mme Paï Niang''. Voici donc le premier anime à avoir été distribué en France, soit 17 ans avant Goldorak !

 

- Des mises à jour seront effectuées cette semaine concernant les fiches des ''Joyeux pirates de l'île au trésor'' et ''Le Chat Botté'' avec davantage d'infos sur les films.

 

- Enfin, le prochain article inédit sera consacré à ''Super Duke'' (Machine Hayabusa en VO).

 

Merci pour votre suivi !

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24 février 2016

Nucléa 3000 (1983)

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Titre original : Fumoon (フゥムーン)

Année de production : 1980

Réalisateur : Hisashi Sakaguchi (inspiré du manga Kitarubeki sekai de Osamu Tezuka)

Diffusé à la télévision française le : 6 janvier 1983. Rediffusion en 1987.

 

L'île de Batei fut longtemps un petit paradis sur Terre. Mais la guerre nucléaire qui faisait rage entre l'Empire des Trois Lions et l'Empire du Buffle eurent raison de sa beauté. En l'an 3000, il ne reste de Batei qu'une terre anéantie et polluée où grouillent des insectes difformes. Convaincu que cette guerre incensée est la cause de la dégradation de l'environnement, le ''maître de la recherche scientifique'' tente d'avertir ses collègues et les hommes politiques, sans grand résultat. Il peut heureusement bénéficier du soutien de son meilleur ami Bono La Moustache (Shunsaku Ban) et des neveux de ce dernier, le jeune adolescent Ken et la petite Pêche. Mais ce n'est pas tout : durant son expédition sur Batei, le professeur a découvert une nouvelle forme de vie jusqu'alors inconnue. Il s'agirait d'une sorte de minuscule fée évoquant un papillon, mais douée d'intelligence et de parole. Capturés par ces êtres mystérieux, Ken, Pêche et La Moustache se retrouvent face à leur reine Coco qui les prévient de la destruction imminente de la planète Terre ! En effet un immense nuage noir créé par la pollution atmosphérique se rapproche de notre planète et menace de la désintégrer d'ici peu. Ces étranges fées sont en réalité une forme évoluée de vie ayant reçu pour mission de secourir tous les animaux de la Terre en les réunissant dans une sorte d'arche de Noé qui les emménera sur une autre planète. En revanche, les humains n'ont aucun droit de survie et sont condamnés à payer leurs crimes en périssant dans la catastrophe. Pourtant, Sidéralia, la mutante découverte par le professeur, est touchée par la bonté de Ken et de sa petite soeur. Y aurait-il encore des humains méritant d'être secourus ?

 

En 1983, les diffuseurs ont eu le respect de citer Tezuka comme auteur/réalisateur.

 

En 1980, les studios Tezuka Productions réalisent pour la troisième fois un projet animé spécialement conçu pour la télévision. Si l'on reste dans le thème de la science-fiction, l'histoire se passe cette fois uniquement sur Terre et s'attarde principalement sur les conséquences de la guerre nucléaire sur l'environnement. Librement adapté d'un vieux manga de Tezuka sorti en 1949 et édité en France sous le titre ''Next World'', Fumoon fait suite à deux téléfilms, Le Prince du Soleil (vu sur Antenne 2 en 1981) et Marine Express (inédit en France), qui se permettaient déjà certaines scènes plutôt osées pour un jeune public. Marine Express en particulier faisait mourir un personnage phare et sympathique de l'oeuvre de Tezuka, une fin qui tranchait radicalement avec l'ambiance générale du téléfilm, plutôt bonne enfant. Mais Nucléa 3000 va aller encore plus loin : malgré la présence d'un personnage mignon et rigolo (Pêche) et du chara-design tout en rondeurs de Tezuka, le téléfilm est très sombre voire angoissant.

Cette impression commence dès les premières minutes du téléfilm avec un générique coloré et bucolique laissant apparaître peu à peu un paysage verdoyant qui fait ensuite place à son équivalent actuel, totalement dévasté par la pollution nucléaire. On retrouve par ailleurs quelques détails récurrents dans la bande-dessinée japonaise, comme les insectes géants déjà aperçus dans ''le Voyage de Ryu'' de Shôtarô Ishinomori (disciple de Tezuka) et que l'on reverra chez Hayao Miyazaki dans son ''Nausicaä de la vallée du vent''. Les jeux politiques entre les grandes puissances, qui préfèrent s'entre-déchirer pour le pouvoir plutôt que de penser à l'éventualité d'une destruction de la Terre, sont largement mis en avant et si l'on avait déjà une première approche dans Le Prince du Soleil, Nucléa 3000 insiste énormément sur cette thématique. On pourrait même dire qu'il s'agit du sujet principal de ce téléfilm, avec les conséquences écologiques.

 

Ne vous fiez pas à son design cartoon, la situation présente est dramatique.

 

L'ambiance opressante et surtout sa fin ont d'ailleurs choqué plus d'un parent si l'on considère le nombre de lettres adressées à Antenne 2 au lendemain de la diffusion du téléfilm (voir à ce sujet l'excellent livre ''Nos années Récré A2'' de Sébastien Carletti). Peut-être ces critiques ont-elles persuadé les responsables de Récré A2 de renoncer à la diffusion d'autres téléfilms de l'auteur, nous privant ainsi de Marine Express, ainsi que des trois spéciaux suivants : Bremen 4 (1981), Prime Rose (1983) et enfin Bagi (1984). Il est à noter un point intéressant concernant les deux téléfilms aperçus en France : ils ont été diffusés dans l'émission jeunesse Récré A2 en guise de bouche-trou, notamment pour remplacer les programmes prévus à l'origine et indisponibles ce jour-là (apparemment suite à des grèves); ils ont également pour point commun de n'avoir connu aucune censure de la part des diffuseurs ou du studio de doublage. La fin de Nucléa 3000 est restée intégrale, d'où les remarques compréhensibles de certains parents.

La noirceur du scénario de Nucléa 3000 n'est d'ailleurs pas une exception : parmi les 6 téléfilms réalisés par Tezuka Productions, les trois derniers comprennent également leur lot de scènes problématiques. Le début de Bremen 4 par exemple commence par une scène où unenfant voit sa maison réduite en cendres et sa mère mourir dans les flammes ! Dans Prime Rose, le héros de l'histoire est blessé à l'oeil par une flèche et son sort reste obscure durant une vingtaine de minutes ! Enfin, Bagi cumule de nombreux thèmes difficilement accessibles au grand public (la sensualité, la vivisection, la vengeance)... Si l'on retient bien souvent de Tezuka ses oeuvres dites ''gentilles'' comme Le Roi Léo ou Astro le petit robot, on oublie qu'il est également à l'origine de titres beaucoup plus crus (MW pour ne citer que celui-ci) et même son Black Jack préfigure déjà une approche moins naïve. Nucléa 3000 s'inscrit dans cette vision d'un futur pessimiste, victime de la folie et de l'ambition humaines dont seuls une poignée peuvent encore prendre conscience de la nécessité d'intervenir rapidement pour limiter les dégâts. Un message fort et poignant qui, 36 ans après, reste toujours d'actualité.

Dans mon article sur Le Prince du Soleil, j'avais déjà mentionné la présence de plusieurs personnages récurrents de l'oeuvre tezukienne, le plus fameux étant bien évidemment Black Jack dont ce fut la première apparition en France. Dans Nucléa 3000, on y retrouve sa petite (''Z'ai dix-huit ans, voyons !!'') protégée Pinoko, ici renommée Momo (traduit en français par Pêche), dont c'est également la première apparition sur les téléviseurs francophones, seize ans avant l'édition des OAV et la sortie du manga chez Glénat (ces deux éditions resteront inachevées, mais des rééditions dans les années 2000 iront heureusement jusqu'au bout de l'oeuvre). Un autre personnage récurrent à se faire connaître du jeune public français est Ken(ichi), l'un des plus anciens héros de Tezuka, qui apparaît dès ''Lost World'' en 1948. Habituellement dessiné sous les traits d'un enfant (du moins dans les premières oeuvres), il apparaît dans Nucléa 3000 en tant qu'adolescent pour faire jeu égal avec Rock, autre personnage phare de la bibliographie tezukienne, qui intervient ici dans un rôle relativement positif (il eut plusieurs rôles très négatifs voire abjects dans certains mangas, notamment dans ''Alabaster''). Shunsaku Ban, l'oncle Moustache, était déjà apparu dans Le Prince du Soleil, mais au détour d'une seule scène; dans Nucléa 3000, il bénéfice d'un rôle primordial dans l'intrigue, comme ce fut déjà le cas dans Marine Express un an auparavant. On reconnaîtra aussi Le Duc Rouge de Metropolis dans le rôle d'un dirigeant politique ou encore le Dr. Hanamaru dans celui du Maître de la recherche scientifique.

 

Shunsaku Ban : son rôle dans Nucléa 3000 correspondrait à sa troisième apparition en France.

 

Pour davantage d'informations sur les personnages dessinés par Tezuka au fil de sa carrière, je vous recommande le principal site dédié au maître qui a consacré une partie du site uniquement à ces derniers : http://tezukaosamu.net/en/character/index.html

 

Commentaires sur la VF

La version française de ce téléfilm semble pratiquement calquée sur Le Prince du Soleil, la majorité des comédiens ayant participé à ce premier téléfilm faisant leur réapparition sur Nucléa 3000 : Thierry Bourdon sur le jeune héros par exemple ou encore Gérard Hernandez et Claude Dasset, même si ces similitudes peuvent s'expliquer par la récurrence de ces comédiens sur les doublages d'anime japonais au début des années 80. Le résultat est donc dans la lignée du précédent téléfilm, mais on peut néanmoins souligner une nette amélioration dans l'interprétation de certains personnages, en particulier Thierry Bourdon. Le comédien se montre largement plus convainquant dans le rôle de Ken, peut-être parce que ce rôle d'adolescent intrépide et rebelle évoque davantage celui de Tadashi Daiba (Ramis), que le comédien interpréta sur Albator le corsaire de l'espace. À noter une prestation intéressante de la part de Claude Chantal sur le personnage de Sidéralia, la mutante bleue ralliée à Ken et ses amis, un rôle important et pas forcément le plus aisé, mais sur lequel la comédienne fait preuve de talent. La traduction quant à elle reste assez correcte (malgré des approximations) et certains noms légèrement modifés (Rock devient Rick; Kenichi est raccourci en Ken, Momo est traduit en Pêche...). Les répliques m'ont aussi parues mieux écrites que dans Le Prince du Soleil, où un certain nombre de dialogues tombaient un peu à plat à cause de tournures maladroites (notamment dans sa seconde partie). Bien que cette adaptation s'adresse avant tout à de jeunes enfants, notamment par l'intermédiaire de voix secondaires un peu ridicules par moments et une légère édulcoration dans les propos, elle s'en sort assez honorablement, principalement grâce à ses comédiens.

 

Liste des comédiens ayant participé au doublage (Source : Planète Jeunesse)

Thierry Bourdon Ken
Claude Chantal Sidéralia
Gérard Hernandez Bono La Moustache, 1er ministre de la Dynastie du Buffle
Philippe Dumat Professeur Okanor
Martine Reigner Pêche
Claude Dasset Le Maître de la Recherche Scientifique, Capitaine Tabasco
Joëlle Fossier Coco, La Reine des Mutants
Georges Aubert Monsieur Yamata
François Leccia Rick
Albert Augier Le Général de l'Empire des 3 Lions

*J'ai un peu simplifié ce tableau du cast VF, la plupart des rôles supprimés concernant des personnages très secondaires*

 

 

Où trouver cette VF ?

Tout comme le Prince du Soleil, seule quelques diffusions furent proposées à l'époque. dans Récré A2 La VF que vous trouverez, comme moi, sur Internet, provient d'enregistrements TV.

 

Et ce téléfilm, on peut le revoir dans de bonnes conditions ?

En Italie, le téléfilm est disponible dans une superbe box éditée par Yamato Video et réunissant l'intégralité des 6 téléfilms en VOST et VI. C'est complet, c'est pas cher, c'est bien présenté avec un livret bonus et pour la langue, on s'y fait rapidement même sans la maîtriser entièrement (précision personnelle de Veggie, qui achète régulièrement italien depuis 2014). Sinon il existe bien sûr les DVD japonais, mais sans le moindre sous-titrage.

 

Crédits images

http://www.suruga-ya.jp/database/pics/game/503085544.jpg

Captures issues d'un enregistrement TV retrouvé sur Internet.

À ce sujet, j'avais prévu au départ de proposer davantage de captures depuis mon DVD italien, mais ayant laissé ce dernier en Suisse pour quelques mois, il est possible que cet article se voit remettre à jour concernant les images. J'avais promis de traiter ce titre en février dernier, mais d'autres activités ont repoussé sa rédaction au mois de septembre. Le voilà donc en ligne, avec comme promesse personnelle de poursuivre ce blog avec de nouveaux titres dans le courant du mois d'octobre, dont Super Duke (vu en VHS chez Jacques Canestrier début 80).

 

24 février 2016

Actualité du blog et Lupin III

À mes fervents lectrices et lecteurs,

 

ce 25 février 1981, quelques cinémas parisiens (et peut-être en province) acceptèrent de diffuser un long-métrage d'animation parfaitement atypique. Bien qu'il ne soit pas le premier film d'animation diffusé en France à sortir du carcan disneyien - on se souviendra de titres comme La Planète sauvage et dans le registre japonais, la diffusion de

Belladonna la sorcière (1975) - Le grenier des doublages de dessins-animés japonais

Année de production : 1973 Réalisateur : Eichi Yamamoto (d'après La Sorcière de Jules Michelet) Sorti au cinéma le : 29 avril 1975

ou encore dans un registre plus érotique l'intriguant Fritz the Cat, adapté des comix de Robert Crumb (je m'intéresse au genre undergound en bande-dessiné depuis l'âge de 10-11 ans), le film sorti à cette date eut un tournant majeur dans mon intérêt pour l'animation japonaise. Ce long-métrage se présentait comme un film animé au graphisme extravagant et décalé, mâtiné de SF et d'érotisme, quelque chose d'inattendu dans une France alors en pleine effervescence Goldorak. Lupin III - Les clones de Mamo comme j'aime à l'appeler était au départ un film adapté d'une licence populaire au Japon, rien de bien ambitieux sur le papier. Pourtant ce film se détachait largement de la production nippone de la fin des années 70, déjà par son public plus adulte mais aussi parce qu'il prenait le parti de s'éloigner largement de la série animée à succès et de reprendre ce qui avait fait le charme et la renommée de son oeuvre d'origine : le manga dessiné par Monkey Punch. Ce premier film n'avait pas vraiment le profil d'un long-métrage adaptant un anime populaire comme ça se faisait à l'époque : plus noir, plus grinçant, avec des références culturelles majoritairement occidentales, il ressemblait plutôt à ces films américains sortant des conventions, un peu comme le fut Métal Hurlant quelques années plus tard.

 

35 ans de Lupin III en France !

J'ai appris l'existence de ce film en m'intéressant au personnage de Lupin III et même s'il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à son style hors normes, il a toujours su conserver cette ambiance si particulière, si accrocheuse. Il mérite que l'on s'en souvienne comme l'un des premiers anime pour adultes à être sorti en France ! Peut-être qu'un jour, comme pour Vidocq contre Cagliostro, je rentrerai plus dans les détails concernant cette version française parsemée d'argot et qui tire ses dialogues d'une version américaine aux origines troubles.

 

J'en profite aussi pour annoncer la reprise plus fréquente du blog : aujourd'hui, un article consacré à Nucléa 3000 (ou Fumoon en VO), un téléfilm de Tezuka Production réalisé en 1980 et diffusé dans Récré A2 au cours des années 80. Enfin, je pense un jour ou l'autre rattraper un peu mon retour au niveau chronologie, n'ayant toujours pas réalisé d'article pour la version française de Mlle Tom Pouce, un film d'animation des studios Toei qui fut diffusé à la Tv française et distribué en VHS dans les années 80. Une adaptation plutôt sympathique du conte d'Andersen, dont on doit le concept des personnages à Osamu Tezuka en personne !

30 novembre 2015

Vidocq contre Cagliostro ou l'ancêtre de la Princesse des Étoiles (1983)

 

Source: Externe

Titre original : Lupin III Cagliostro no shiro (ルパン三世 カリオストロの城)

Année de production : 1979

Réalisateur : Hayo Miyazaki

Sortie en VHS chez Adès Vidéo en 1983; doublage effectué en 1982 d'après les archives de Philippe Dumat

 

Vidocq, Cagliostro... des noms qu'il est inutile de présenter ! Vidocq bandit au grand coeur, toujours prêt à voler au secours du faible et de l'opprimé suivant des conceptions qui ne sont pas, tant s'en faut, celles de la police, parviendra-t-il à déjouer les sombres machinations du terrible Cagliostro et à sauver la belle Delphina ? Vous le saurez en regardant ce dessin-animé fertile en rebondissements... (Résumé de la jaquette VHS parue chez Adès Vidéo).

 

Cet article est une refonte complète d'un ancien post que j'avais écrit pour le forum Edgar de la cambriole, en 2012. Pour plus de détails sur cette analyse, je vous renvoie au lien ci-contre : http://edgardelacambriole.forumculture.net/t245p23-vidocq

 

Personne parmi les fans d’animation japonaise n’a oublié le carnage réalisé sur Nausicaä de la vallée du vent dans les années 80. Mais saviez-vous qu’il exista une tentative similaire pour un autre film de Miyazaki, sorti en France bien avant Nausicaä ? Peu d’informations ont circulé à son sujet et de nombreuses recherches furent donc nécessaires pour percer un peu le mystère autour de cette version. Il n’empêche que vers 1983 sortit chez Adès Vidéo un film d’animation baptisé sur la jaquette Vidocq contre Cagliostro. Je précise bien sur la jaquette, car c’est le seul emplacement où le film est nommé, le master vidéo ne bénéficiant ni d’un écran-titre, ni même de crédits dans les génériques. Sous ce titre sous-entendant une compétition entre le célèbre Eugène-François Vidocq et l’aventurier Joseph Balsamo se cachait en réalité le premier long-métrage de Miyazaki, dans une version expurgée de toute référence à ses origines nippones.

 

Fin août 2009, je mis la main sur deux vieux exemplaires du défunt magazine Yoko. Dans la rubrique des sorties du mois de septembre 1996 figurait une petite chronique consacrée au Château de Cagliostro, alors réédité en intégral chez Manga Vidéo. J’avais déjà entendu parler de ce film dans le magazine Animeland, à l’occasion de la sortie du DVD chez IDP. À l’époque déjà, Animeland avait parlé de deux doublages antérieurs : une version censurée dans les années 80 et une version intégrale en 1996. J'en étais restée là jusqu’à cet exemplaire de Yoko mentionnant aussi l’existence d’une version censurée. Mais, ajoutait la chronique, cette censure serait d’origine anglaise. Cette information m’étonna assez vite, car je n’en trouvais nulle trace sur les sites anglophones que je consultais. Sur un forum américain consacré aux fans de Lupin III, je posai ensuite la question, mais tous les intervenants m’assurèrent n’avoir jamais entendu parler de cette version censurée. En revanche, certains me parlèrent d'une VOSTA réalisée en 1980 pour la World Science-Fiction Convention (ou Worldcon) de Boston; tenais-je là l’origine de cette version française ? Plus ou moins. S’il était possible qu’une partie de la version sous-titrée ait servi de base à la traduction de la VF, je ne trouvais aucune information sur l’existence d’une version censurée du film. En effet, si les noms des personnages avaient été modifiés dans les sous-titres, Goemon en avait également un et indiqué comme présent. Ce qui me fut finalement confirmé après la dernière sortie DVD du film aux USA, celui-ci contenant enfin la fameuse piste sous-titrée de 1980. Il y a donc tout lieu de croire que cette censure fut bien pratiquée en France*. Mais par qui ? Mon hypothèse se concentre actuellement sur une demande de l’éditeur de la VHS pour occidentaliser le film. En dehors du samouraï Goemon, les personnages sont effectivement très typés caucasiens et le film se passe dans un environnement européen.

 *Les versions italiennes et sud-américaines de l’époque ne contiennent également pas de censure. Je ne puis affirmer la même chose pour la version néerlandaise de 1985, n'ayant pour le moment trouvé ni copie numérique ni exemplaire d'occasion sur le net, mais le résumé sur la jaquette et certains témoignages sur le net laissent supposer la présence de Goemon dans le film.

 

 Goemon posait donc problème. Plutôt que de l’intégrer malgré tout au film, l’éditeur et/ou l’adaptateur ( ?) ont préféré enlever tous les passages le mettant en scène. Une censure barbare de 16 mn 07 qui ne remit pourtant pas le déroulement global du film en jeu. Goemon n’est en effet pas un personnage de premier plan dans ce film, ses brèves apparitions se comptant sur le bout des doigts. Néanmoins son apparition dans une scène au milieu du film obligea les censeurs à modifier le scénario du film et à couper plusieurs passages remettant en question leur version. Je développerai plus loin le moment venu.

 

Goemon, grand absent de cette version censurée, car trop Japonais ?

 

Au vu de la polémique sur les origines de cette censure, j’estimais nécessaire de revenir sur la VF en elle-même, traduction comprise, pour tenter de trouver un début de réponse et aussi présenter cette version à ceux n’ayant jamais eu l’occasion de la découvrir. Depuis 2009, j’avais obtenu par l’intermédiaire d’un ami une copie de cette VF et acheté sur le net un exemplaire de la VHS allemande contenant les mêmes censures que sur Vidocq. L’année dernière enfin sortit chez Discotek Media une nouvelle édition du film contenant les doublages américains de 1991 et 2000, ainsi que les différents sous-titrages effectués depuis 1980. J’avais enfin une piste des sous-titres de la première version américaine et donc un élément de comparaison avec la traduction française de 1983. Cette chronique ne fera pratiquement aucune comparaison avec les autres doublages français, mais reviendra de temps à autre sur cette piste sous-titrée réalisée en 1980, au cas-où des ressemblances seraient à noter. J'ai beaucoup hésité sur la forme de cette chronique. Fallait-il éplucher toutes les erreurs de traduction, les fautes, les modifications ? Ce n'était pas une tâche facile. À l'époque, en 2012, j'avais opté pour classer les modifications par catégories : censure ou erreurs de traduction, mais pour le blog j'ai voulu approfondir un peu plus. Je mentionnerai donc toutes les censures effectuées sur le film, si possible avec une capture indiquant le passage censuré en VF et le texte citant la coupe effectuée sera soulignée en gras, mais je résumerai plus largement concernant la traduction, pour éviter que cette chronique me prenne deux articles à la fois ! N'hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires et à proposer des rectifications ou des améliorations sur l'article, je reste à votre écoute.

 

La première censure apparaît à la 54e seconde du film avec la disparition d’un petit écriteau-surprise made by Lupin III. La censure est parfaitement audible vu que la petite onomatopée burlesque, qui aurait normalement dû être supprimée avec l’image, apparaît scène suivante, se juxtaposant illogiquement avec la musique d’intro lorsque les deux compères se retrouvent sur l’autoroute. On peut discuter sur la pertinence de cette censure, très courante à l’époque (souvenez-vous des séquences coupées dans Goldorak ou Albator), principalement pour des questions d’adaptations : difficultés de les remplacer par une traduction française ou volonté de conserver une certaine cohérence narrative en évitant de devoir traduire à voix haute les inscriptions apparaissant à l’écran.

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La suite se poursuit normalement jusqu’au générique de début, avec cependant des dialogues à côté de la plaque ne respectant que très librement la version originale. Petit florilège : pas de mention du montant total de la fortune volée, le casino national devient municipal et autres joyeusetés… À noter aussi cette grosse bourde où, après avoir remarqué la vraie nature des billets, Lupin confie à Jigen qu’il peut garder les billets pour lui, alors qu’en VO il parle de les jeter par-dessus bord ! On ne comprend donc pas pourquoi Jigen s’exécute peu après en se débarrassant de la fortune, sans même préciser pourquoi il renonce à ce «cadeau»!

Autre point important : dans la VF de 1983, il est question de billets Gotho et non de Goat Money (transcription actuelle). Cette appellation apparaît dès la version Worldcon, soit deux ans avant le doublage de Vidocq contre Cagliostro, et sera employée dans la majorité des doublages de l’époque, y compris dans les versions intégrales comme le premier doublage italien réalisé en 1984. Cette appellation laisse donc supposer une inspiration directe de la version sous-titrée américaine sur cette traduction française, ce qui n’empêche pas cette dernière de s’enfoncer davantage dans les méandres des libertés d’adaptation puisqu’à peine quelques secondes plus tard, Jigen prétend que les billets Gotho se trouvent sur le marché depuis quelques temps, ce qui ne cadre pas du tout avec l’historique donné bien plus tard dans le film. Cette erreur de traduction n’apparaît pas dans la version sous-titrée américaine et reste donc propre à la VF.

 

Extrait de la VOSTA réalisée en 1980

 

Venons-en au générique du début. Contrairement à la version originale (et même la première version allemande qui est pourtant adaptée de Vidocq), le générique de l’adaptation française débute pendant que les deux compères sont toujours occupés à vider leur Fiat 500 de la montagne de billets sans valeur et se poursuit encore durant une ou deux minutes lorsque le film reprend son cours. Tous les crédits mentionnant le staff ont été supprimés, y compris le titre (Vidocq contre Cagliostro est indiqué uniquement sur la jaquette). La chanson japonaise quant à elle a été librement adaptée en français et interprétée par Corinne Le Poulain. Dans une précédente analyse publiée sur le forum Edgar, j’avais détaillé point par point le générique allemand qui s’écartait pas mal de la version française en traduisant (très mal ceci dit) les crédits VO, mais se voyait amputé de quelques minutes. De même, la chanson (restée en français), visiblement toujours interprétée par Corinne Le Poulain, a été entièrement rechantée et quelques paroles ont été modifiées.

 

La version française reprend donc alors que les deux protagonistes ont déjà traversé la frontière. C’est ici que la VF s’écarte à nouveau de la VO dans ses dialogues. Jugez plutôt : en plus de prétendre avoir découvert ce secret il y a bien longtemps – alors qu’en VO, Lupin précise que tout le monde sait que la Goat Money est fabriquée à Cagliostro – les répliques omettent complètement l’allusion au trou noir d’où personne ne revient, mais s’attardent sur des remarques sarcastiques concernant l’utilité de chacun des compères. Jigen prétend en effet que sans lui, Lupin ne vaut pas grand-chose ; ce dernier rétorque qu’il ne supporte pas du tout son ami mais que c’est pour cette raison qu’il l’emmène dans cette expédition ! Lupin prononce aussi une phrase qui ne le concerne pas alors qu’on ne le voit pas ouvrir la bouche…

 

D’importants problèmes de traduction surviennent aussi lorsqu’il s’agit d’évoquer la bague de Clarisse. Lupin ne mentionne pas qu’elle lui évoque un sentiment familier et vous verrez par la suite pour quelles raisons cette phrase importante n’a pas été adaptée. La quasi-totalité des dialogues n’a pratiquement plus aucun lien avec la VO, en particulier ceux de Jigen qui mentionne un trésor dont il ne sera plus fait mention ou fait le lien direct entre la jeune fille aperçue tout à l’heure et le château en ruine («Je me demande pourquoi tu te donnes tant de mal ? Pour la fille ou pour le trésor ?»). Quant à Lupin, il parle des comtes de Cagliostro en évoquant les anciens propriétaires du château abandonné, alors que leur titre de noblesse était bien plus élevé en version originale !

 

La censure qui suit est sans doute l’une des plus importantes du film (50 secondes). Tout le passage où Lupin semble penser à une scène du passé par l’intermédiaire de la bague puis l’arrivée de Jigen et son interrogatoire musclé pour obliger Lupin à lui avouer ce qu’il sait à ce sujet est passé à la trappe ! Pourquoi ? Difficile à dire, mais on peut envisager qu’après avoir vu le flashback apparaissant un peu plus tard dans le film, les censeurs se sont résolus à couper cette partie pour éviter toute incohérence ; en effet, si le passé de Lupin n’apparaît plus dans cette version, il fallait peut-être selon eux éviter de laisser passer la moindre allusion à une première rencontre entre Clarisse et Lupin. Le film reprend donc à partir de 14 :33 mn lorsque Lupin et Jigen aperçoivent le château du comte.

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 Ce passage est très mal traduit, même si là encore certains dialogues ne sont pas désagréables. Par exemple, certaines répliques dites par Lupin dans la VO sont en fait prononcées par Jigen en VF, en particulier lorsqu’il aperçoit le bateau qui avait emporté Clarisse, mais ça permet de donner un peu plus de présence au personnage. En revanche, la suite pose nettement plus problème. En VO, Jigen interroge bien Lupin sur son passé et lui demande s’il n’est pas déjà venu dans ce château puisqu’il semble si bien le connaître. Lupin avoue qu’effectivement, étant plus jeune, il avait tenté de s’emparer de la fortune des Cagliostro, mais avait dû fuir. En VF, ce passage devient une longue litanie sentimentale où Lupin insiste qu’il est tombé amoureux de Clarisse et que désormais, Jigen devra se passer de ses services !

 

Nouvelle censure réalisée à partir de 17 :56 mn. Dans la version intégrale, remarquant que Clarisse ne porte plus sa bague, le comte approche une main menaçante en direction du visage de la jeune fille. Une brève séquence qui passe à la trappe en VF, probablement pour ne pas choquer le jeune public de l’époque (9 secondes)… Le film reprend lorsque le comte décide de quitter la chambre en appelant de vive voix son majordome Jodo.

 

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Autre censure (12 secondes) à 19 :27 minutes, peu après le départ de la serveuse : toute la séquence où Jigen et Lupin se disputent les spaghettis a disparu ! Pour quelle raison ? Parce que Jigen a compris que Lupin connaissait Clarisse bien avant et qu’il savait qu’il s’agissait de la princesse ? C’est ce que laisse entendre la VO, mais en VF, la réplique de Jigen est devenu «Maintenant on comprend mieux pourquoi ils tenaient tant à la récupérer». Ce à quoi Lupin répond : «Sans elle il y avait pas de cérémonie». Or si on observe bien la transition entre les scènes et l’expression de Lupin suite à la remarque de Jigen, le dialogue français ne colle pas du tout à la situation ! À noter que le départ précipité du mystérieux individu qui espionnait le duo n’est pas mentionné dans la conversation, alors qu’en VO, Lupin y fait allusion peu avant le début de la bagarre pour les spaghettis !

 

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                                              En haut, la scène retirée. En bas ce qu'il en reste.

 

 

Jusqu’à présent, j’avais cru que la censure du film avait été réalisée avant le doublage, les répliques réécrites pour combler les trous ou mentionner des éléments ayant disparu du montage laissant sous-entendre cette éventualité. Néanmoins, d’autres scènes laissent parfois supposer qu'une censure supplémentaire ait été appliquée post-doublage. Il s’agit entre-autre de la réplique de Jodo lorsqu’il revient devant le comte, un billet de la part de Vidocq accroché dans le dos. Philippe Dumat prononce le nom de Vidocq d’une étrange manière, comme si la réplique avait été rajoutée après la première prise de son. De plus, le nom Vidocq n’est pas prononcé intégralement puisqu’il manque la dernière syllabe ! Est-ce un défaut causé par la coupe (1 seconde) effectuée pour ne pas montrer le contenu du billet à l’écran (le message écrit dans un français laborieux est signé Lupin) ?

 

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Attention, voici maintenant la grosse censure du film : l’arrivée de Gemon est proprement amputée ! La transition est si grossière que même quelqu’un n’ayant jamais vu la VO constaterait qu’il manque un passage du film. En effet, on passe directement de la dernière réplique du comte à la scène où Lupin et Jigen observent l’arrivée de Zenigata ! Le passage d’une scène durant la nuit à une scène en plein jour n’est amené sans aucune explication, pas même une petite phrase narrative style «le lendemain dans le repaire de Vidocq et Laficelle». Sur 4:55 mn de film, nous avons donc près d’1:40 mn de censure. C’est beaucoup pour une scène importante qui met en place plusieurs éléments importants pour la suite de l’histoire ! De plus, l’absence de Goemon trahit une volonté de la part de l’éditeur (ou de l’adaptateur) de la version française de taire les origines nippones du film ; sinon pourquoi avoir enlevé les scènes où l’on voit justement un personnage typé japonais ?

 

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Goemon, grand absent des versions tronquées…

 

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Par contre les plaques japonaises des voitures sont bizarrement restées intactes…

 

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On ne mange bien sûr pas avec des baguettes dans cette version…

 

 

Entre-deux bien sûr, nous avons droit à la première intervention de Zenigata (rebaptisé ici inspecteur Lapoulaille). Son entrevue avec le comte n’est pas toujours très bien traduite : dans une réplique du comte par exemple, ce dernier définit Lupin comme l’arrière-arrière-petit-fils de Vidocq, ce qui renvoie en fait à la version sous-titrée américaine d’époque où Lupin devenait l’arrière-petit-fils d’Arsène Lupin et non son petit-fils. Une nouvelle preuve pouvant attester une probable utilisation de la VOSTA de 1980 ?

 

Extrait tirée de la VOSTA de 1980

 

 

L’expédition nocturne de Lupin et Jigen à travers l’aqueduc du château contient à nouveau deux légères coupes car on aperçoit Goemon (3 secondes en tout). Les dialogues sont parfois assez médiocres, même si les propos de Lupin tentent de se rapprocher de la VO. Une réplique de Lupin est à nouveau prononcée par Jigen lorsqu’il tombe dans un trou.

 

Le célèbre face-à-face entre Lupin et Clarisse a vu ses dialogues entièrement réécrits. En effet, toute référence à l’identité de Lupin en tant que voleur est écartée au profil de dialogues faisant constamment allusion à Roméo et Juliette. De même, le monologue où Lupin jure d’aider Clarisse et de combattre le comte s’attarde surtout sur l’amour qu’il porte à Clarisse (alors que la VO reste floue sur ses sentiments) ; un monologue certes plutôt classe mais complètement hors-sujet avec la version originale. Le thème de la déclaration d’amour est d’ailleurs renforcé par l’ajout du thème du film en français (la chanson de Corinne Le Poulain donc), alors que le thème reste en instrumental dans la VO ! Les répliques de Clarisses sont déjà plus en phase avec la version originale, probablement parce que son histoire reste la même entre les deux versions.

 

Peu importe la traduction infidèle, j'adore ce dialogue.

 

Le dialogue entre le comte et Clarisse est tout aussi approximatif, mais sans pour autant nuire au scénario pour une fois. J’avoue même le préférer aux dialogues originaux ! De plus, l’allusion à Clarisse en tant que lumière et Cagliostro en tant qu’obscurité est conservée. Dernière liberté commise vers la fin : le générique français (les dernières paroles) est ajouté lorsque Clarisse se retrouve seule dans sa chambre, alors qu’en VO on entend une simple BGM qui certes ressemble un peu au générique mais n’a rien à voir avec ce dernier. Là encore, on sent que les adaptateurs veulent insister sur cette relation amoureuse entre Lupin et la princesse.

 

La voix de Roger Carel colle à merveille au comte

 

 

Chose étonnante, la scène des squelettes a été entièrement conservée ! Les adaptateurs ont préféré couper l’inscription en japonais servant de mémorial à l’une des victimes des Cagliostro (7 secondes). Pour assurer la transition, Lupin murmure juste la date de 1904 sans préciser davantage. Les dialogues entre Zenigata et Lupin sont toujours aussi approximatifs, particulièrement lorsque l’inspecteur s’écrie qu’il n’a besoin de «l’aide de personne pour sortir d’ici». Ce n’est pas ce qu’il laisse clairement entendre en VO : c’est surtout qu’il n’a pas envie de se faire aider par un simple voleur, même pour trouver la moindre issue de cette prison souterraine. De plus, les adaptateurs tentent de dédramatiser la situation en éludant toute allusion à la mort (Lapoulaille ne prie pas après avoir lu l’inscription) et en insistant sur le mystère entourant ces lieux. À noter que les adaptateurs laissent sous-entendre que Zenigata ne connaît pas Fujiko.

 

Lupin et Zenigata infiltrent le château. Ils y découvrent une cave secrète entièrement consacrée à la production de billets gotho. Lupin commence alors à examiner les différentes monnaies fabriquées sur place. Mais dans un probable souci de simplification ( ?), les traducteurs ont préféré éluder le nom des monnaies pour ne citer que leurs pays de provenances : suisses, anglais… et ça s’arrête là. Est-ce parce qu’ils ont suivi la traduction anglophone de l’époque qui utilisait une méthode similaire, tout en mentionnant la monnaie japonaise ? On peut encore une fois le supposer.

Lupin raconte alors l’histoire de cette fausse monnaie : dans cette version, Gotho ne qualifie plus la monnaie, mais devient le nom du meilleur faussaire de toute l’histoire de la contrefaçon, ayant trouvé refuge à Cagliostro pour poursuivre son œuvre. Ses descendants auraient perpétué son héritage et provoquant des guerres dans toutes les parties du monde et ruinant dynasties et empires (sans pour autant les citer). Lupin avance ensuite que pendant longtemps, plus personne n’entendit parler de cette fausse monnaie, jusqu’à ce que le comte actuel de Cagliostro, présenté comme un usurpateur s’étant emparé du pouvoir, ne reprenne cette pratique !

Extrait tiré de la VOSTA de 1980

 

Après que Zenigata ait mentionné la fortune que cette entreprise représenterait, Lupin laisse sous-entendre que l’inspecteur ne compte tout de même pas mettre la main sur cette fausse monnaie, ce dernier réfute aussitôt. Une supposition assez maladroite qui ne cadre pas du tout avec le personnage, heureusement ça ne dure pas longtemps. Les deux décident alors d’unir leurs forces, mais Zenigata insiste qu’une fois l’affaire terminée, il arrêtera aussitôt Lupin. C’est donc la première fois que l’objectif de l’inspecteur concernant le héros est clairement précisé dans la VF. Pourtant un point reste intriguant : si on a pu deviner dès le départ la possible profession du personnage, rien jusqu’alors ne le présentait officiellement comme un cambrioleur recherché par la police. Dans la VO, cette identité est mis à plusieurs reprises sur le devant de la scène : il se présente comme un voleur devant Clarisse, Zenigata parle plusieurs fois de lui comme d’un cambrioleur rusé et refuse de l’aider parce qu’il ne veut pas collaborer avec un petit délinquant. Ces références au statut de cambrioleur n’apparaissent pratiquement pas dans la VF, il faut donc attendre la moitié du film pour apprendre enfin les intentions de Zenigata !

 

Les scènes suivantes n’ayant pas grand-chose à signaler, je saute directement à celle du sauvetage de Clarisse. Ce passage est victime d’une censure grossière pour une raison bien précise : la blessure que le comte inflige à Lupin lors de la tentative de sauvetage de Clarisse. On le voit certes tomber du toit puis par la suite le visage couvert de sang, mais l’instant où il est touché par l’impact et surtout lorsque le sang coule de son front ne sont pas montrés (en revanche pas de problème pour les plans suivants où l’on voit pourtant toujours du sang !).

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Clarisse finit par céder sous la menace du comte et exige de Lupin la restitution de la bague. Normalement en VO, Clarisse se fait aider par Fujiko qui lui indique l’endroit où Lupin a l’habitude de cacher son butin, mais là bien au contraire elle suit le conseil de Lupin et conseille à Clarisse de ne pas se laisser influencer par la force. Cette réplique ne poserait pas trop problème si les mimiques de Lupin ne correspondaient pas du tout à ce que Fujiko laisse entendre !

Les traducteurs ont essayé de rectifier le tir, Lupin murmurant qu’il est tout à fait d’accord avec les propos de Fujiko, mais on sent parfaitement qu’il ne peut sortir pareille réplique en VO ! Son expression à cet instant est clairement celle d’un personnage qui s’énerve d’avoir perdu et que même son amie préfère collaborer avec l’adversaire.

 

Dans la scène suivant réapparaissent évidemment Goemon et Jigen. Comment la censure a-t-elle pu les supprimer tout en rendant le passage cohérent ? Tout simplement en conservant deux-trois plans sur les 32 secondes que durent la scène entière en VO : on passe donc directement de l’envol de Fujiko à l’avion s’écrasant dans les arbres, Lupin projeté on-ne-sait-où et Zenigata coincé dans les branches, jurant de vaincre Cagliostro (et non plus retrouver Lupin).

 

Goemon et sa réplique culte, grands absents de cette version

 

 

La censure suivante est probablement l’un des plus graves, car en plus de ne conserver que 16 secondes de film sur 4 :30 mn par rapport à la VO, elle élude complètement tout l’aspect nostalgique que Lupin ressent vis-à-vis de Clarisse. Or, cette scène apporte une information très importante pour la suite et même pour tout l’ensemble du film : le moment où Lupin devient mélancolique en observant la bague de Clarisse trouve tout son sens dans ce flashback. La raison pourquoi il tient tant à libérer Clarisse et empêcher ce mariage aussi, rien à voir avec un quelconque sentiment amoureux (même si on peut se poser la question à certains moments). Cette censure est à double tranchant : non seulement elle supprime un flashback important pour la suite de l’histoire, mais elle a conduit les censeurs à faire de même pour toutes les autres scènes rattachées ou faisant allusion. En éliminant Goemon, ils ont mutilé plus d’un tiers du film, supprimant des séquences devenues cultes par la suite comme le flashback de Lupin ou la bataille pour les spaghettis. Toujours dans un souci de cohérence. L’origine de toute cette censure, vous la retrouvez dans ce passage : tout ce qui a été supprimé dans le film découle directement de ce passage où Lupin raconte sa rencontre avec Clarisse. Est-ce à cause de Goemon ? Sans doute, car même s’il intervient peu durant le récit, il n’en reste pas moins présent, même retranché dans un coin. Est-ce aussi pour éviter de donner un âge à Lupin, créant une relation plutôt malsaine entre une jeune fille adolescente et un homme qui doit avoir au moins la trentaine au vu du temps écoulé ? C’est très probable, mais je reste persuadée que la principale raison reste liée à la présence de Goemon.

 

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Deux célèbres passages dans le film écartés à cause de Goemon… ou de la nécessité de ne pas rendre Lupin trop âgé ?

 

Je ne vais pas m’attarder sur les scènes suivantes, n’ayant pas de remarque particulière à faire. Il y a bien cette réplique (volontairement) humoristique de ces touristes de passage qui donnent la responsabilité des embouteillages à une avalanche alors qu’au dehors le ciel est bleu et l’herbe bien verte, mais rien de bien méchant.

 

La scène du mariage par contre vaut son pesant de cacahuètes et mérite d’être décortiquée : c’est en effet la seule scène à ne pas contenir une censure sur l’ensemble d’une séquence, mais par morceaux. Le résultat final donne lieu à un pitoyable montage de morceaux conservés sur un fond sonore où retentit la voix grave de Lupin (en VF) alors qu’il n’apparaît pas sur l’écran… jusqu’à ce que les sbires du comte pointent leur épée sur un Lupin à la figure couverte de bandages sans qu’on ne sache d’où il provient. En dévoilant au passage les silhouettes de Jigen et d’un mystérieux personnage en kimono violet qu’on n’avait jamais vu jusqu’alors. La séquence est très rapide, donc il faudra faire plusieurs arrêts sur image avant de les apercevoir. Mais on les remarque quand même ! On notera aussi que dans le doublage, le comte ordonne à ses sbires de «s’occuper des autres»… alors qu’on ne voit justement pas «l’autre» ! Si l’on suit la logique du scénario trafiqué, il n’y a que Jigen avec son fusil antitank ! À moins que le fusil, ça compte comme une personne… ?

On aperçoit aussi rapidement la silhouette de Goemon découpant les uniformes noirs de la garde un bref instant, même si on n’aperçoit jamais son visage.

La seule apparition de Goemon dans les versions censurées…

 

 Après s’être enfuis du palais, nous revoyons Lupin et Clarisse sans sa couronne et son voile de mariée ! Quand a-t-elle bien pu le perdre ? Car lors de leur envol, elle l’avait toujours ! Qu’a-t-il bien pu se passer entre-deux ? Tout simplement un nouveau plan censuré, où Jigen et Goemon les rejoignaient et où Clarisse laissait tomber sa couronne, créant une nouvelle incohérence avec la suite de l’histoire. Ceci dit, ce n’est pas une censure qui me gêne particulièrement, cette scène faisant partie de celles que j’aime le moins dans le film, donc je ne vais pas insister plus longtemps.

À noter que nous n’avons plus revu Jigen depuis l’annonce du mariage de Clarisse, ça commence à faire long. D’ailleurs, il ne reparaîtra qu’à une reprise dans le film et tirera ensuite sa révérence sans qu’on ne sache ce qu’il est devenu.

 

La dernière apparition de Laficelle.

 

 

La fin n’aura pas été épargnée : les censeurs auraient-ils jugé traumatisant pour les bambins que Lupin «abandonne» Clarisse et préfère rejoindre ses son comparses ? Cette ultime censure est généralement la plus mentionnée sur Internet lorsqu’il s’agit d’évoquer cette première version française, en plus de ‘absence de Goemon. En effet, le film s’achève sur Lupin enlaçant Clarisse, prêt à rester avec elle pour ses beaux yeux. Et l’on en vient à se dire que le prochain (et réel) mariage de la jeune fille aura lieu dans pas longtemps… Nous avons ensuite droit à un générique sans crédits sur fond noir, avec toujours la chanson de Corinne Le Poulain. Dans la version allemande au moins, nous avions quelques noms du staff (mal orthographiés) et ceux des comédiens de doublage…

Voilà comment le film se termine en 1983…

 

 

Commentaires sur la VF

J’aimerai un peu m'attarder sur le doublage, car en dépit de cette censure et de la traduction très approximative, le doublage dispose de comédiens de pointe qui sont pour beaucoup dans la qualité de cette VF : Philippe Ogouz campe un très bon Lupin quelques années avant qu'il ne reprenne le rôle sur la série TV de 1977, Roger Carel donne une voix charismatique à Cagliostro, Céline Monsarrat nous interprète une Clarisse à la voix douce et Philippe Dumat est irrésistible sur Jodo. L’interprétation est de qualité dans son ensemble et dans le ton du film. Etonnamment, je vais vous avouer éprouver plus de plaisir à écouter cette VF que celle réalisée en 2005 par IDP, et ce malgré la présence de comédiens confirmés, tant du côté des personnages récurrents de Lupin II que ceux plus secondaires. Sans doute certains choix de cast pas forcément appropriés, ainsi que son ton plus ''moderne'' pour un film de 1979 me font préférer celui de 1982. Le doublage IDP reste cependant la VF la plus fidèle à la VO et retrouver Philippe Ogouz sur Lupin est un réel plaisir – je ne trouve pas, contrairement à d’autres critiques, qu’il nous ait livré une prestation inférieure à celle d’il y a 25 ans, je le trouve a contrario plus à l’aise dans le rôle et aussi plus touchant, là où dans la VF de 1982 certaines scènes me semblent expédiées.

Pourtant, depuis que j’ai entendu ce doublage de 1982, il garde ma préférence. Malgré la censure et les répliques à côté de la plaque, il garde un certain charme, propre à une époque qui sortait des grands films de l’animation japonaise pour garnir les rayons de VHS pour enfants, avant que des années plus tard leur valeur ne soit redécouverte par quelques passionnés. Ces doublages d’antan ont certes de gros défauts par moments, mais ils restent les témoins ‘une autre époque, ils ont en quelque sorte participé à l’essor de la japanime en France, et c’est entre-autre pour leur rendre hommage que j’ai créé ce blog. Voilà pourquoi je tenais à ce qu’ils ne soient pas oubliés.

 

Liste des comédiens ayant participé au premier doublage (Source : Planète Jeunesse)

Philippe Ogouz         Vidocq (Lupin)

Gérard Hernandez   Laficelle (Jigen)

Béatrice Delfe          Barbara (Fujiko)

Jacques Ferrière     Inspecteur Lapoulaille (Zenigata)

Roger Carel            Le Comte de Cagliostro

Céline Monsarrat   Delphina de Cagliostro (Clarisse)

Philippe Dumat      Le Majordome (Jodo)

Pierre Garin           Le Capitaine des gardes

Georges Aubert     Le Jardinier

Claude Dasset       Le Faussaire

Louis Arbessier      Le Prêtre (l'archevêque du Vatican)

 

Où trouver cette VF ?

Devenue collector avec le temps, cette VF n'a été éditée qu'une seule fois en VHS, devenue introuvable avec le temps. J'en sais quelque chose... Le plus simple encore est de demander à des amis qui auraient numérisé leur cassette. Notez que les graphistes ayant conçu la jaquette se sont contentés de reprendre l'affiche japonaise du film sans éluder Goemon, contrairement à la version allemande où Goemon a été (plutôt maladroitement) masqué par la tête du comte.

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Bonus : l'édition allemande sortie en 1987, où Lupin est rebaptisé Hardyman

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Crédits images

Captures du film : tirées de différentes éditions DVD

Scans VHS Vidocq : merci à Indianagilles pour m'avoir envoyé ce scan il y a de ça quelques années

Scan VHS Hardyman : acquisition personnelle

17 mars 2015

Aladin et la lampe merveilleuse (1982)

 

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Titre original : Sekai Meisaku Dowa - Aladdin to Mahou no Lamp (アラジンと魔法のランプ)

Année de production : 1982

Réalisateur : Yoshikatsu Kasai

Diffusé à la télévision française le 31 décembre 1982 sur Antenne 2; rediffusions en 1983 (Antenne 2 toujours) et à trois reprises au début des années 2000

Sortie en VHS chez de multiples éditeurs dans les années 80 : Héméra Vidéo, Penta Color Vision...

 

 Aladin est un jeune garçon paresseux, menteur et casse-cou qui préfère passer ses journées à traîner dans les rues avec une bande de petits voyous plutôt que de chercher un travail honnête et aider sa mère veuve. Lors d'une nouvelle tentative de vol, Aladin se fait prendre sur le fait et doit s'enfuir. Un inconnu s'adresse alors à lui en lui promettant une belle somme d'argent s'il l'accompagne jusqu'à un endroit précis. Après une longue marche à travers le désert, l'inconnu s'arrête près d'un rocher à moitié englouti par le sable et commence à prononcer quelques formules magiques incompréhensibles qui font apparaître une entrée non loin de la cavité rocheuse. L'inconnu est en fait un magicien et il ordonne à son compagnon de voyage de descendre dans la grotte jusqu'à la salle aux mille lampes; il pourra y prendre tout ce qu'il voudra, mais en contrepartie, il devra lui ramener la plus ancienne et la plus poussiéreuse des lampes présente dans cette salle. Bien qu'hésitant et après avoir reçu un anneau magique en guise de protection, Aladin finit par descendre dans le passage secret et se retrouve dans un jardin magnifique où les fruits sont sont en cristal et il n'hésite d'ailleurs pas à en cueillir quelques unes. Il n'oublie pas non plus la fameuse lampe avant de quitter la salle et prendre la direction de la sortie. Mais arrivé au bout, le magicien exige d'abord d'avoir la lampe avant de permettre au garçon de ressortir, ce qui fâche Aladin. Son refus lui coûte beaucoup, puisque déçu de l'attitude du garçon, le magicien renonce à l'aider et l'enferme dans la grotte pour toujours. En tentant de trouver une sortie, Aladin frotte l'anneau confié par le magicien. Apparaît alors un génie de très grande taille qui le considère comme son ''maître'' et lui promet tous ce qu'il désire : le jeune garçon est ainsi libre et retourne chez lui avec l'anneau magique et la mystérieuse lampe. Sa mère ne croit évidemment pas à cette histoire de grotte merveilleuse, mais se décide à vendre la lampe en échange d'un peu d'argent. En voulant la nettoyer, elle fait apparaître un autre génie d'une taille gigantesque (10 fois plus grand que le précédent !) qui promet également de satisfaire tous les désirs de son ''maître''. Le lendemain, alors qu'il tente de vendre de la vaisselle d'or créée par le génie de la lampe et les fameux fruits de cristal, Aladin croise une jolie jeune fille présentée comme étant la princesse du royaume. Décidé à l'épouser, il décide de faire appel au génie de la lampe pour devenir l'homme le plus riche du royaume et se présenter au sultan. Entretemps, le fameux magicien est de retour en ville à la recherche de la lampe...

 

 

Notre héros peu attentif aux recommandations de sa mère

 

 

 

Prenant place dans la série des Sekai Meisaku Dowa, ces adapatations de contes destinées à un jeune public, le film suit très fidèlement l'histoire originale (ou du moins sa version la plus connue), tout en replaçant le contexte dans un pays fantasmagorique du Moyen-Orient alors que le conte original, dans plusieurs versions, est censé se dérouler en Chine. Le film reprend donc les éléments principaux du conte : le magicien, les deux génies (un dans l'anneau, un dans la lampe), la possibilité d'utiliser les deux objets magiques à volonté... en y ajoutant quelques personnages supplémentaires, comme la petite gerboise du désert qui accompagne Aladin après l'épisode de la grotte ou encore sa bande de copains. Le magicien ne se présente plus comme le frère du défunt père d'Aladin et l'argent qu'il lui propose est le seul facteur motivant qui pousse Aladin à l'accompagner. Le personnage principal est également plus jeune que dans le conte, sans doute dans une volonté d'identifiaction au jeune spectateur à qui est destiné cette adaptation. La trame assez complexe du conte a été simplifiée pour se recentrer surtout sur les pouvoirs de la lampe et la lutte entre Aladin et le magicien, utilisant ainsi l'univers du Moyen-Orient et la magie comme facteurs environnementaux dépaysants et humoristiques (il n'y a qu'à voir la course-poursuite dans le repaire du magicien où les objets ''magiques'' ressemblent plus à des outils de prestidigitateur !). Mais si on omet cette volonté de proposer une histoire à destination des plus jeunes, le film possède une ambiance et un style qui lui sont propres et donnent un certain charme à l'ensemble du récit.

 

 

Le magicien tel qu'il apparaît dans le film

 

 

 

 

Le film est sorti en 1982 au Japon. À l'époque, les studios de la Toei avaient changé de politique vis-à-vis des longs-métrages d'animation et, depuis le succès de longs-métrages comme celui de Galaxy Express 999, privilégiaient les films ''commerciaux'' tirés de mangas populaires. Les films originaux se faisaient donc plutôt rares et la réalisation d'Aladin est un peu une exception; les studios produiront plutôt quelques adaptations sous forme de téléfilm au cours des années 80 (comme ''L'Appel de la forêt'' ou ''Deux ans de Vacances'' sur lesquels je m'attarderai prochainement). La réalisation est étonnamment belle par rapport aux précédents films du même genre (comme Les Cygnes sauvages par exemple); l'animation est honorable et les décors soignés et d'une grande qualité artistique, notamment la salle aux mille lampes. L'histoire sait habilement doser scènes comiques et récit d'aventure. Si certains personnages rajoutés ne servent finalement pas à grand-chose, sinon à amuser le (jeune) spectateur, ils n'en restent pas moins sympathiques.

 

 

Aladin secouru par le génie de l'anneau

 

 

Commentaires sur la VF

Le film a été programmé en France l'année même de sa réalisation; Antenne 2 le diffusera pour les fêtes de fin d'année. Sans surprise, le doublage reprend les voix habituelles de l'époque. Encore une fois, c'est Thierry Bourdon qui double le héros avec un résultat satisfaisant. Céline Monsarrat se charge de doubler la princesse, un rôle qui semble lui coller à la peau (elle doubla à peu près à la même période Erika dans Daimos, Delphina dans Vidocq contre Cagliostro, Sanaé de Princesse Millénium et enfin Odette du Lac des Cygnes). Les autres comédiens se débrouillent bien dans l'ensemble (on a plaisir à retrouver Jane Val pour la mère d'Aladin), même si l'interprétation de certains comédiens laisse à désirer par moments avec un jeu plutôt caricatural (je pense en particulier au magicien). À noter que la VF renomme le héros Aladin avec un seul d et non deux comme c'est le cas dans la version originale; une habitude déjà vue dans une adaptation antérieure du conte par Jean Image. La traduction est correcte, même si on peut déplorer que la chanson du début, rechantée pour la VF, ne suit absolument pas les paroles de la version originale.

 

 

Aladin rencontrant la princesse

 

 

Liste des comédiens ayant participé au doublage (Source : Planète jeunesse)

 

Thierry Bourdon Aladin
Céline Monsarrat la princesse Badrale
Jacques Ferrière le sorcier
Henry Djanik le génie de l'anneau, le roi
Claude Joseph le génie de la lampe, le vizir
Jane Val la mère d'Aladin
Maryse Meryl un petit voleur
Maurice Sarfati un petit voleur

 

 

Où trouve-ton cette VF ?

À part en VHS, vous n'avez pas vraiment le choix. Bien que diffusé à trois reprises sur Mangas au début des années 2000, aucun éditeur n'a jugé pour le moment intéressant de resortir ce film en DVD et la dernière diffusion datant de janvier 2005, il est à craindre qu'une réédition n'est désormais plus d'actualité.

 

 

La VHS sortie par Héméra

 

La VHS sortie par Penta Color

 

Et le film, on peut le revoir dans de bonnes conditions ?

Au Japon apparemment pas, du moins n'ai-je pas trouvé une quelconque édition DVD proposant ce film (ce ne sera pas le premier à n'avoir pas été réédité), mais en Italie Yamato Video propose le film avec un master de qualité (il suffit de voir les captures postées plus haut) et une VOST ! Bref, si vous connaissez un peu l'italien, il serait dommage de passer à côté !

 

Crédits images

DVD Yamato Video (2006)

http://www.vhsdb.org/fiche.php?vhs=z8vr6smu

http://userdisk.webry.biglobe.ne.jp/007/148/47/N000/000/000/127815909588916104282.JPG

 

 

 

 

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30 octobre 2014

Daimos (1982)

10091465593_sTitre original : Tôshô Daimos (闘将ダイモス)

Année de production : 1978

Réalisateur : Tadao Nagahama

Sortie VHS chez DIA fin 1982 (puis de multiples éditions chez Vidéo Jeunesse, Fil à Film, Scherzo, VIP, Sunbird Junior...)

Egalement connu sous les titres suivants : Opération Planète Terre, Starforce l'étoile éclatée, Starforce le chevalier de la galaxie

 

Menacée d'invasion par le peuple de Baam, des extraterrestres semblables à des anges qui ont perdu leur planète dans une explosion, la Terre ne peut compter que sur Fighting General Daimos, un robot géant piloté par le téméraire Kazuya Ryûzaki. Le père du jeune homme, également concepteur de Daimos, avait tenté de fraterniser avec le roi des Bahamiens; hélas un inconnu provoqua la mort du roi bahamien et en représailles, le père de Kazuya finit assassiné par le prince-héritier Richter. Retranché avec les survivants de son peuple sur un satellite artificiel situé autour de Jupiter, Richter, persuadé que les humains sont mauvais, leur déclare la guerre et projette la destruction des Terriens. C'est ainsi que Kazuya entre en action et s'oppose aux premiers assauts des robots bahamiens (assez similaires aux Golgoths). Après un combat, il sauve la vie d'Erika, une jeune fille amnésique dont il tombe amoureux au premier regard. Hélas, il ignore qu'Erika est la sœur de Richter ! De plus, elle semble être mêlée à la mort du père de Kazuya. Lorsqu'Erika retrouve la mémoire et découvre l'identité de Kazuya, elle décide de rejoindre son peuple et d'oublier le jeune homme. Kazuya se retrouve alors pris entre deux feux : protéger la Terre des Bahamiens tout en sachant qu'il combat le peuple auquel appartient sa fiancée.

 

Kazuya se vantant d'avoir trouvé la perle rare

 

Lors de la diffusion de Goldorak en France, bien peu de spectateurs doivent se douter que cette série devenue culte en France n'est qu'une série de robots géants parmi tant d'autres. Commencé en 1972 avec Mazinger Z (créé par Go Nagai, le même auteur que pour Goldorak), le thème n'a cessé d'évoluer au cours de ces quarante dernières années, donnant naissance à des titres désormais mythiques et d'autres moins prestigieux voire anecdotiques. Point de vue impact culturel et artistique, Daimos figurerait plutôt dans la deuxième catégorie et pourtant, contrairement à d'autres de ses congénères, cette série est loin d'être dénuée d'intérêt. Malheureusement en France, sa distribution catastrophique et aléatoire ne lui permit pas de s'imposer de la même manière que pour Goldorak. Edité tout d'abord par DIA en 1982 aux côtés des Cygnes sauvages et des Aventures de Panda, Daimos a même eu l'honneur d'une petite page dans le magazine de prépublication Spirou la même année à l'occasion d'un concours : une décision stupéfiante connaissant le peu d'intérêt du journal pour l'animation japonaise. Après deux VHS comprenant les épisodes 1 à 7 réunis sous forme de film avec un doublage français potable et très fidèle à la version originale (les noms japonais et même le générique ont été conservés), les éditions se sont succédé entre Cartoon Junior, Scherzo et Fil à Film avant de disparaître dans l'indifférence générale. Sans doute sa ''ressemblance'' avec Goldorak n'a-t-elle pas favorisé sa réputation chez nous et encore moins une diffusion TV qui aurait pu faire connaître la série au grand public.

 

Kazuya et Erika au début de leur histoire


Bref, il est temps de réparer cette injustice et de revenir sur une série de robots géants qui sans être un chef-d’œuvre n'en reste pas moins assez étonnante. Daimos fait partie d'une trilogie un peu particulière mêlant robots géants et relations amoureuses (d'où leur surnom de Romance Robo Trilogy), bien que cette description devrait être quelque peu nuancée. Seul Daimos proposerait apparemment une véritable relation entre les deux protagonistes contrairement aux deux autres séries dont les histoires romantiques n'auraient pas vraiment d'impact sur la direction de l'histoire. Mais n'ayant vu pour le moment que Daimos, je ne développerai pas davantage. La série est réalisée par Tadao Nagahama, surtout connu chez nous pour avoir réalisé la première partie de Lady Oscar, mais il a également été réalisateur sur des classiques comme Kyojin no Hoshi (une série culte consacrée au base-ball et diffusée en Italie sous le titre Tommy e la stella dei Giants) ou les deux autres séries de la trilogie en question : Chōdenji robo Combattler V et Chōdenji Mashīn Vultus 5. Hormis Lady Oscar bien entendu, toutes ces séries n'ont jamais connu la moindre diffusion ou distribution en France, contrairement à l'Italie où la concurrence des chaînes locales a permis aux jeunes spectateurs des années 80 de découvrir un grand nombre de séries de robots géants parmi lesquels Mazinger Z et ses suites, Kôtetsu Jeeg, Baldios, Astroganger, etc.

 

Kyoshiro, épéiste à la coupe afro et meilleur pote de Kazuya

 

 Daimos pourrait au premier abord passer pour une histoire de robot géant sans réelle innovation. Le premier épisode ne se détache pas beaucoup des productions de l’époque. Le scénario est typique des séries animées de robots géants depuis Mazinger Z et certains éléments rappellent beaucoup Goldorak : les robots envoyés contre Kazuya, le conflit extraterrestres/Terriens, le jeune héros qui combat uniquement pour protéger les siens, etc. Cette série ne puise pas son intérêt dans son script de base, mais plutôt dans l'évolution de l'histoire et surtout une volonté de s'attarder davantage sur les personnages plutôt que sur les combats en eux-mêmes. Pour commencer, la relation entre Kazuya et Erika n’a rien d’une petite intrigue à l’eau de rose sans relief. Elle sert vraiment le scénario jusqu’au dernier épisode et surtout, elle ne reste pas figée dans un même schéma. Certes leurs sentiments n’évoluent pas vraiment après le second épisode et même leur rencontre pourrait paraître assez naïve (Kazuya tombe amoureux d'Erika uniquement parce qu'il la trouve très belle !), sans parler d'un contexte très proche de Roméo et Juliette (version robot géant et extraterrestres) avec les deux camps qui s'opposent à leur amour et tentent de les séparer. L'évolution de leur relation prend aussi un tout autre chemin au fil des épisodes : alors que le début évoque surtout une ambiance amusante (on verra par exemple Kazuya ne plus se rappeler de ce qu'il vient de manger à l'instant parce qu'il a passé tout le repas à penser à Erika !), la suite part dans une direction de plus en plus sombre et dramatique à partir de l'épisode 7. D'une romance d'adolescents, on évolue ensuite vers une relation compliquée et dangereuse qui manque à plusieurs reprises de leur coûter la vie. Malgré son retour auprès des siens, Erika est désormais considérée par ses semblables comme une traîtresse et Kazuya comme un espion allié aux Bahamiens. L’opposition devient si forte dans les derniers épisodes que le jeune homme finit par être accusé de trahison par les dirigeants politiques et même envoyé dans une cellule un temps. De plus, si Kazuya est convaincu durant la majorité de l’histoire des sentiments d’Erika à son égard, celle-ci préfère oublier son bien-aimé à la fois pour le protéger mais aussi pour protéger son entourage (sa nourrice Margarete par exemple avec qui elle est très proche) et ne sait plus quoi choisir entre sa fidélité envers son frère et son amour pour Kazuya. Enfin, l’un des derniers épisodes amorce un rebondissement qui aura un impact important tant sur l’histoire et les personnages.

 

Le fourbe Georiya tente de convaincre Erika d'accepter un mariage politique

 

Bien sûr, le scénario n'oublie pas la lutte de Kazuya contre Richter et ses hommes avec son lot de combats Daimos/Kazuya VS les robots bahamiens. Particularité de la série, le héros est directement connecté au robot et le moindre de ses gestes est reproduit par la machine; Kazuya étant champion de karaté - on le voit d'ailleurs s'entraîner à plusieurs reprises durant la série en dehors des combats - c'est grâce à cet art martial qu'il parvient à vaincre ses adversaires. Mais cette innovation technique a aussi certaines conséquences puisque Kazuya subit automatiquement les coups lorsque son robot est attaqué. Il sera d'ailleurs gravement blessé à plusieurs reprises. La série n'hésite pas à montrer des civils voire même des enfants périr dans des attaques et si la fin laisse entrevoir un peu d'espoir pour l'avenir des deux jeunes gens, c'est au prix de bien des sacrifices que leur amour triomphe. Autre particularité, les combats ne sont pas la priorité des scénaristes : si le schéma est assez similaire dans la première partie (un ennemi arrive, Kazuya se précipite vers Daimos et le met en marche pour empêcher de nouvelles victimes), le scénario s'intéresse aussi à la vie des personnages entre les combats, au passé de certains membres de l'entourage du héros et même aux tourments des protagonistes face à leur destin (on l'entrevoyait déjà dans Goldorak). Dans la seconde partie de la série, on ne verra d'ailleurs plus autant de combats : l'histoire insistera surtout sur l'exil d'Erika qui s'est enfuie sur Terre pendant que Kazuya, de son côté, perd la confiance des autorités terriennes et doit aussi lutter contre les accusations dont il fait l'objet.

 

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Deux séquences particulièrement violentes où Kazuya frappe Miwa après que celui-ci ait attaqué des réfugiés bahamiens blessés. Le commandant n'hésite pas à menacer le jeune homme avec son arme...



Au début de l'histoire, les adversaires du héros paraissent bien manichéens avec une distinction bon/méchant presque caricaturale. Pourtant, plus la série avance et plus ce principe primaire s'estompe au film des épisodes. Certes des deux côtés on trouve encore des ''méchants'' qui ne pensent qu’à la victoire et à vaincre le camp opposé, en particulier le généralissime bahamien Olban et le commandant Miwa. Tous deux partagent comme point commun leur volonté insensible de détruire leurs adversaires sans distinction et de ne pas faire confiance à ceux tentant en vain de les raisonner et parvenir à un accord de paix entre les deux peuples. Peut-être faut-il y voir une critique d’officiers enfermés dans leurs préjugés et prêts au sacrifice au mépris de la vie de leurs hommes ? Néanmoins, parmi les autres protagonistes, beaucoup échappent à ce schéma et démontrent peu à peu un caractère très différent de ce qu’ils laissent entrevoir dans les premiers épisodes. De plus, leur rôle évolue au fil de l’histoire : Richter par exemple doit fuir sur Terre avec la scientifique Raiza (secrètement amoureuse de lui) et quelques soldats restés fidèles. C'est désormais le fourbe Olban qui prend le pouvoir et cette situation a le mérite de relancer l’intrigue dans une toute autre direction. Plus l'histoire avance et plus les Terriens se rendent finalement compte que les Bahamiens n'ont rien d'envahisseurs pour la plupart et qu'il faudrait enfin mettre un terme à cette guerre absurde. On verra d'ailleurs dans les derniers épisodes des manifestations entre Terriens et Bahamiens pour la paix. Le conflit n'est donc plus une guerre entre deux peuples, mais plutôt une divergence d'opinion entre des adversaires qui ne se connaissent pas et refusent d'entrer en discussion. Le héros lui-même s'en rendra compte puisqu'il se verra sauver la vie par son plus grand adversaire depuis le début de la série.


Le Bahamien Balbas, ancien adversaire de Kazuya, lui vient en aide

 

Malgré un début classique et un synopsis éculé, Daimos est suffisamment attractif et rempli de rebondissements durant ses 44 épisodes. La série explore des thématiques assez adultes sans les traiter superficiellement ni même les édulcorer, en particulier la guerre, la question des réfugiés politiques, les dérives de l'armée... Les épisodes se finissent régulièrement sur une note amère (Kazuya a vaincu le méchant de la semaine, mais n'a pas retrouvé Erika) et les personnages, y compris les protagonistes, ne sont pas sans défauts et leur combat n'a pas vraiment de valeur héroïque comme dans d'autres séries (Kazuya lutte d'abord par obligation puis pour Erika ou ses amis, mais jamais en tant que pacifiste). A la fois rythmée et assez novatrice pour son époque concernant le déroulement de l'histoire et le traitement des personnages principaux, la série propose de bons moments riches en émotion et un final mémorable. Dans le domaine des séries de robots géants, elle s’impose comme une œuvre bien plus complexe que ce qu’elle laissait entrevoir au début. Bien sûr, la série a indéniablement vieilli : son animation manque sacrément de fluidité (bien qu'un poil meilleur que Goldorak), le chara-design accuse fortement son âge même pour 1978 et au niveau des thématiques abordées, bien des séries de robots la surclassent désormais, ne serait-ce que Mobile Suit Gundam qui renouvela le genre un an à peine après la diffusion de Daimos et annonça l'arrivée du real robot (dont Neon Genesis Evangelion est l'un des héritiers les plus renommés en Occident avec Macross). Mais pour son âge (36 ans cette année), elle s'en sort relativement bien en comparaison avec d'autres séries de robots réalisées à la même période.

 

Un exemple de moment joyeux et léger du début de la série

 

Commentaires sur la VF

Le doublage a été réalisé au tout début des années 80 et ça s'entend, tant au niveau de l'intonation que de la qualité audio ! Le choix des voix principales est assez correct, même si pour le moment le nom du comédien interprétant le héros reste un mystère, et la traduction ne s'écarte pas tellement de la version originale. Personnellement, je n'aurai pas confié les voix d'Erika et de Nana à la même comédienne (Céline Montsarrat) car le timbre de voix similaire se reconnaît aisément sur deux personnages très différents l'un de l'autre. On regrette aussi un certain amateurisme du côté des ''méchants'' et des personnages secondaires, les comédiens ayant tendance à caricaturer à l'extrême le personnage qu'ils sont censés interpréter. On alterne ainsi entre des passages correctement doublés et d'autres assez insupportables à entendre. De plus, le nombre de comédiens pour une série assez peuplée (dès les sept premiers épisodes) reste bien insuffisant, même pour une série distribuée directement en cassette vidéo

 

Liste des comédiens ayant participé au premier doublage (source : Planète Jeunesse)

Marcel Guido Narrateur
Céline Monsarrat Erika, Nana
Jacques Berthier Généralissime Olban, Balbas
Michel Derain Kyochiro
René Roussel Commandant Miwa
Pierre Baton Dr Izumi

Je n'ai pas (heureusement devrais-je dire) encore écouté le redoublage réalisé à la fin des années 80 pour la version américaine ''Starbirds/Starforce'' qui propose un remontage de plusieurs épisodes du début et de la dernière partie de la série, profitant pour changer les noms des personnages (Kelly pour Kazuya, Dynamo pour Daimos !!!) et bien évidemment les musiques.

 

On trouve où cette VF ?

En cassette vidéo uniquement chez les éditeurs indiqués plus haut. Préférez la première édition sortie par DIA puis éventuellement Vidéo Jeunesse. Attention, certaines cassettes disponibles sur plusieurs sites de vente en ligne sont un peu chères, mais on en trouve aussi en fouillant dans les brocantes et sur les marchés d'occasion.

La première édition VHS de 1982 chez DIA

Une réédition de la même VF chez Vidéo Parade

Même VF mais avec une jaquette horrible plagiant Saint-Seiya !

L'édition VHS tardive avec le remontage américain

 

Et la série en entier ?

Il existe une édition DVD en Italie relativement récente (2007), mais en version doublée uniquement et avec une traduction des plus fantaisistes (à côté la traduction de la première VF passerait pour du HQ !). C'est cependant suffisant pour qui ne connaît pas un traître mot de japonais et pour les petites bourses. Au Japon, la série est disponible dans un beau coffret DVD, comme toujours en VO sans sous-titrage. On trouve cependant un livret sur la série (en japonais aussi, hélas) et surtout le manga paru à l'époque de la diffusion de la série dans le magazine Terebi Land. Cette bande-dessinée ne propose rien de vraiment neuf, mais a le mérite de ne pas non plus recopier la série au niveau du déroulement de l'histoire (même si la relation entre Kazuya et Erika est vraiment expédiée en quelques cases !). L'intérêt du coffret est bien sûr d'avoir l'intégral en VO avec une très belle image restaurée (pour une série de 1978). Il ne reste plus qu'à attendre qu'un éditeur transalpin ait la bonne idée de rééditer la série avec cette fois la VO et un sous-titrage.

 

 

 

Crédits images :

Images personnelles (DVD Toei Video, 2007)

http://forum.nanarland.com/viewtopic.php?f=4&t=9485

11 septembre 2014

Les Cygnes sauvages (1982)

Source: ExterneTitre original : Sekai meisaku dôwa - Hakucho no Oji (世界名作童話 白鳥の王子)

Année de production : 1977

Réalisateur : Nobutaka Nishizawa (d'après le conte de Hans Christian Andersen)

Sorti au cinéma le 1er février 1984

Sortie VHS chez DIA fin 1982

Diffusion télévisée : 02 janvier 1985 sur Radio Québec (émission Ciné-Cadeau)

 

 

 

Il était une fois un roi veuf qui avait sept enfants (six fils et une fille). Un jour qu'il se perd dans la forêt au cours d'une chasse, il demande l'aide d'une vieille sorcière qui en échange exige que le souverain accepte d'épouser sa fille. La nouvelle reine prend alors ses quartiers dans le château, mais s'aigrit de voir le roi prendre plus de temps pour aller voir ses enfants plutôt que de s'occuper de son épouse. Selon la volonté de leur mère, les six petits princesses et la petite princesse vivent dans un lieu nommé la Forêt du Bonheur et seule une pelote de laine magique permet d'y accéder. Après avoir compris comment procéder, la reine décide de se venger en dérobant la pelote de laine et en se rendant jusqu'au lieu-dit. Là, elle transforme les six princes en cygnes mais ne parvient pas à rattraper la plus jeune, Elisa, qui s'enfuit terrifiée dans la forêt. La fillette finit par retrouver la trace de ses frères, qui le soir au crépuscule retrouvent leur apparence humaine et vivent donc désormais cachés dans une grotte. Le seul moyen de mettre un terme à la malédiction est de tricoter six pulls avec de la laine d'ortie, à condition qu'Elisa ne prononce plus le moindre son durant cette période. Sinon, les six frères périront aussitôt. Elisa décide alors de quitter ses frères et de se consacrer uniquement à la fabrication des pulls, cachée quelque part dans la forêt en compagnie d'animaux. Les années passent... Elisa est devenue une belle jeune fille mais il manque encore un pull à fabriquer. C'est alors que le jeune roi d'un royaume voisin la surprend dans sa cachette et décide de la ramener au palais pour en faire sa femme, mais son comportement étrange intrigue la Cour. Pour ne rien arranger, la vieille sorcière dont la fille est devenue la belle-mère d'Elisa la reconnaît et décide de se débarrasser d'elle...

 

Source: Externe

La fameuse pelote magique

 

Adaptation d'un conte d'Andersen publié en 1838, le film suit assez fidèlement les principaux événements du film à quelques exceptions près (Elisa n'est pas chassée du château par exemple), les manteaux du conte d'origine ont été remplacés par des pulls et le nombre de frères (11 chez Andersen) a été réduit à 6). Plutôt bien réalisée pour son époque, le film prend place dans la série des Sekai meisaku dôwa (Les contes du monde entier), des films animés adaptant des contes de tous les horizons, même si l'on note une forte proportion d'oeuvres européenes. Les Cygnes sauvages a été réalisé en 1977 quelques années après une importante grève au sein des studios de Toei qui a finalement conduit à une politique d'économie et une délocalisation dans des pays bon-marchés comme la Corée du sud. Cette nouvelle politique se ressent d'une certaine façon sur ce film, particulièrement la volonté de réduire le nombre de personnages apparaissant à l'écran. Ce qui explique pourquoi le nombre de frères d'Elisa (11 chez Andersen) passe à 6 dans le film.

 

 

Source: Externe

Elisa assistant impuissante à l'ensorcellement de ses frères

 

Malgré les quelques animaux disneyiens présent à l'écran et quelques chansons (restées par ailleurs en VO dans le doublage), Les Cygnes sauvages s'éloigne beaucoup des productions occidentales auxquels nous sommes habitués. Bien qu'adressé principalement aux enfants, le film contient certaines scènes assez sombres (la forêt du début) voire violents : Elisa par exemple subit une assez douloureuse torture de la part de la sorcière pour l'obliger à parler devant le roi. L'ambiance du film est rarement joyeuse, insistant sur le destin tragique de la fillette et sur la pression qu'elle subit à l'adolescence lors de son arrivée au château. Seules les dernières minutes tranchent avec le côté dramatique de l'histoire, finissant ainsi le film sur une note positive comme dans le conte original. Contrairement aux films d'animation américains où l'aspect ''comédie musicale'' est très présente, les quelques chansons entendues dans Les Cygnes sauvages n'apparaissent qu'en voix-off à l'arrière-plan et ne sont donc pas interprétées par les personnages. Elles servent davantage l'aspect artistique et émotionnel du film plutôt que l'aspect narratif, ce qui n'est franchement pas déplaisant. Malgré son âge et une animation vraiment limitée, le film reste agréable à regarder et son dessin caractéristique des années 70 pourrait encore séduire le jeune public (ainsi que leurs parents).

 

Source: ExterneSource: Externe

Elisa se lance dans un long et fastidieux travail pour aider ses frères

 

Point de vue chara-design, certains n'hésiteront pas à faire le rapprochement entre Elisa et la petite Heidi de la série du même nom. Ce qui en soit n'est pas faux au premier abord, bien que les studios, les réalisateurs et les chara-designers soient tous différents. Pour les autres personnages, nous sommes en terrain connu : les connaisseurs reconnaîtront des dessins très similaires à des films comme Marina la petite sirène, Le lac des cygnes ou encore La forêt enchantée. Je reviendrai  d'ailleurs sur ces différents dessins-animés.

 

Commentaires sur la VF

Sélectionné par l'éditeur vidéo DIA en 1982 pour être édité en cassette puis sortir au cinéma, le film n'a pas trop fait parlé de lui à l'époque. À peine évoque-t-il quelques souvenirs à certains l'ayant connu enfant. Il fut rarement rediffusé, excepté au Québec dans les années 80. Par la suite, on n'a plus jamais reparlé de ce film en Francophonie et c'est bien dommage. Le doublage de qualité respectait l'histoire et avait conservé les chansons en japonais (certains le regretteront peut-être). Si on excepte le choix curieux de faire doubler la sorcière par un homme (Roger Carel), la VF s'en sort donc honorablement vis-à-vis de la version japonaise et son âge apporte un charme supplémentaire avec le temps. Si vous tenez à la (re)découvrir, plusieurs VHS sont encore disponibles sur les sites de vente en ligne, hélas à des prix souvent astronomiques...

 

Liste des comédiens ayant participé au doublage (source : Planète Jeunesse)

Catherine Lafond Elisa
Jacques Deschamps Le Roi
Martine Messager La Reine
Roger Carel La sorcière
Jackie Berger Un Prince Cygne
Thierry Bourdon Un Prince Cygne
Sylvie Feit Un Prince Cygne
Nathalie Schmidt Un Prince Cygne
Marie-Christine Darah Un Prince Cygne
Patrick Poivey Le Prince
Jacques Ferrière Personnages secondaires
Marc de Georgi Personnages secondaires
Francine Lainé Personnages secondaires

 

Source: Externe

Elisa désormais adolescente

 

Attention à ne pas confondre ce film japonais avec une adaptation russe plus ancienne (1962) réalisée par les studios Soyuzmultfilm, réputés pour leurs adaptations de contes folkloriques avec un graphisme plus proche de l'imagerie populaire russe. Le réalisateur japonais aurait par ailleurs demandé l'autoristation aux Russes de reprendre plusieurs scènes du film, ce qui expliqueraient certaines simlitudes entre les deux adaptations.

 

Source: Externe

Le jeune roi espionnant l'étrange manège d'Elisa durant la nuit

 

Où trouve-t-on cette VF ?

Plusieurs éditions VHS existent, toutes sorties entre 1982 et 1988 environ. Voici une petite sélection des principales :

Source: Externe

La VHS sortie chez DIA

 

Source: Externe

Une autre édition chez Fil à Film (dont le dessin sur la jaquette est pour une fois pas trop moche)

 

Et le film, on peut le revoir dans de bonnes conditions ?

Difficile à dire, car le film n'est jamais ressorti au Japon en DVD et les cassettes sont devenues rares et chères. Il existe cependant une édition allemande du film, mais monolingue (même pas l'ancien doublage réalisé en Allemagne de l'Est dans les années 80 !) et avec une qualité d'image ainsi qu'un recadrage douteux. Il semble qu'une édition similaire existe en Espagne.

10 septembre 2014

Les sorties vidéo DIA

Apparu au début des années 80, l'éditeur de vidéocassettes DIA (Distribution Internationale Audiovisuel), dont le catalogue contenait principalement des films d'action et érotiques, lança sur le marché français quelques dessins-animés pour enfants comme le film sud-coréen Les 3 Mousquetaires de l'espace et sa suite Les 3 Mousquetaires - Time Machine 001 ou encore les trois dessins-animés japonais suivants :

 

Les Aventures de panda (film)

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 Les Cygnes sauvages (film)

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Daimos (juste les épisodes 1 à 7)

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Edités à peu près en même temps en 1982, ils ont ensuite été réédités à de multiples reprises chez différents éditeurs, en particulier chez Vidéo Jeunesse, un sous-label de DIA, et Fil à Film, avant de disparaître dans l'indifférence générale. Pourtant, on ne peut pas dire que l'éditeur négligea ces licences : les doublages étaient dans l'ensemble de qualité (malgré quelques voix caricaturales dans Les Aventures de panda ou des interprétations assez variables voire amateurs chez Daimos) et les films eurent même droit à une sortie cinéma qui ne contribua pourtant pas à faire connaître ces œuvres au grand public. Sans doute l'arrivée de ces titres inconnus à une époque où la japanimation n'en était qu'à ses balbutiements n'a-t-elle pas encouragé les ventes, malgré certains efforts de la part de Bandaï (ex-Popy) qui proposa à la vente les jouets de Daimos en même temps que la sortie en VHS du dessin-animé.

 

Plus surprenant, le mythique journal de Spirou, pourtant si réfractaire au Japon et bien évidemment à la bande-dessinée nippone (il suffit de lire l'article incendiaire paru en 1982 à l'occasion de la venue du Japon au Festival d'Angoulême pour s'en persuader), proposa des lots de cassettes DIA comme cadeau lors d'un concours organisé dans ses pages. Si le contenu du dessin-animé n'était pas toujours clairement développé (souvent résumé à un mini scénario et deux lignes de commentaire), l'opinion du rédacteur ne descendait pas non plus les œuvres en question et en vantait même certains mérites. Même Daimos, bien que plus ''japonais'' que les deux premiers DA, était plutôt bien noté. Bien sûr, il ne faut pas non plus crier victoire dans ce cas précis : l'aspect commercial primant sur le reste, le journal ne changera pas beaucoup son regard sur les DA japonais avant les années 2000. Bref, rien de nouveau sous le soleil ! Mais passons...

 

La page concours pour Daimos (février 1983)

 

Ces intercales publicitaires ont cependant permis de donner une date à peu près approximative à ces sorties VHS, laissant supposer une édition dans le commerce fin 1982 puisque le concours a été organisé entre janvier et mars 1983. Ces sorties font partie des premières vidéocassettes de DA japonais hors diffusion télévisée, si l'on excepte 30'000 lieues sous les mers (1980) et quelques éditions difficiles à dater comme Shirley la petite fille en ballon (1981 ? chez Jacques Canestrier Vidéo) ou encore Lupin III. A noter que les trois dessins-animés de chez DIA sont toutes des productions Toei, ce qui pourrait envisager une initiative du studio de faire connaître ses œuvres en Occident (les premiers anime distribués aux USA ou en France venaient majoritairement de chez Toei Animation).

 

La page concours pour les cygnes sauvages et les aventures de panda (janvier 1983)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Alors que dire finalement de ces sorties ? Les trois anime choisis par DIA ne se ressemblent pas beaucoup, bien que destinés à l'époque aux enfants. Les Aventures de panda est un dessin-animé sympathique à destination des tout-petits alors que les Cygnes sauvages et Daimos d'adressent déjà à un public un peu plus âgé (certaines scènes des Cygnes sauvages sont assez effrayantes pour un jeune public). Il est aussi surprenant d'y retrouver un anime de robots géants (dans la lignée de Mazinger Z et Goldorak) parmi deux films déjà plus adaptés à des spectateurs européens. Rappelons par exemple que Les Cygnes sauvages adapte le fameux conte d'Andersen. De plus, ce ne sont pas des DA très connus, y compris au Japon (bien que Daimos ait ses fans); il n'existe par ailleurs aucune édition DVD japonaise des Cygnes sauvages et je n'en ai pas trouvé non plus pour Les Aventures de panda (comme d'autres métrages à petit budget réalisés le temps d'un festival ou d'une diffusion TV). L'initiative de DIA était donc assez risquée à l'époque, ce qui expliquerait sans doute pourquoi il n'y eut pas d'autres licences par la suite jusqu'à la disparition éphémère de l'éditeur.

 

Note : Les Aventures de panda est ressorti en 2005 en DVD chez Ben'J avec vraisemblablement son doublage d'origine, je ne parlerai donc pas davantage de ce titre.

 

 

 

Crédits images :

http://www.priceminister.com/offer/buy/2604087/Tao-Tao-Les-Aventures-De-Panda-VHS.html

Scans personnels (Album Spirou n°168)

31 août 2014

Reprise du blog

Chers lecteurs et lectrices,

 

après une longue absence de quelques mois, le blog reprend un rythme habituel avec la publication de nouveaux articles consacrés à des anime sortis directement en VHS dans les années 80 ! Pour le moment, je pense donc me concentrer sur ce type de sortie, car les doublages en grande majorité ne sont pas ressortis en DVD et ne le seront sans doute jamais pour différentes raisons (probème de droits, désintérêt des éditeurs, probable flop commercial, absence d'une réédition DVD au Japon).

 

Dans un temps futur, il est possible que je parle cette fois-ci de séries tv dont la VF n'est pas considérée comme ''perdue'', mais qui n'ont pour le moment pas bénéficié d'une sortie DVD. C'est un sujet un peu délicat à traiter, car leur absence momentanée n'empêcherait pas une réédition pour la plupart : il s'agit d'une décision venant des éditeurs, le marché de l'animation japonaise - y compris nostalgique - n'étant pas en grande forme ces dernières années. Pour des cas plus complexes comme Candy dont les droits sont bloqués depuis plus de dix ans, il est possible que je l'évoque un jour. Si vous avez des suggestions à me faire, n'hésitez pas !

 

Enfin, j'en profite pour annoncer plusieurs mises à jour de ces derniers mois : corrections pour les fiches du Chat Botté, du Prince du Soleil et des Misérables (auquel j'ajouterai quelques images ces prochains jours) et rajouts pour Cyborg 009, Belladonna la sorcière et Goldorak comme au cinéma. Cyborg 009 a vu une partie de son cast VF reconstitué, malheureusement la rareté des extraits du doublage d'époque n'a pas permis d'identifier toutes les voix. Il manque donc encore cinq voix sur les dix protagonistes apparaissant dans les deux films. Si un collectionneur possédant des extraits plus importants du doublage est prêt à nous venir en aide, je lui en serai très reconnaissante !

 

Merci de suivre le blog des doublages perdus !

7 mars 2014

Sans famille (1971 ?)

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Titre original : Chibikko Remi to meiken Capi (ちびっ子レミと名犬カピ)

Année de production : 1970

Réalisateur : Yugo Serikawa (d'après le roman d'Hector Malot)

Sortie cinéma inconnue, mais doublage réalisé très certainement en même temps que 30'000 lieues sous les mers

Distributeur cinéma : Jacques Leitienne ?

 

Rémi est un petit garçon de huit ans qui vit dans le village pauvre de Chavanon avec sa maman Barberin, son chien Capi et son perroquet Pepe. Mais un jour, son père revient à la maison après un grave accident de travail et lui apprend qu'il est en réalité un enfant trouvé. À court d'argent, son père adoptif décide de vendre Rémi à Vitalis, un musicien ambulant qui parcourt le pays avec sa troupe d'animaux savants (un singe et deux chiens). D'abord désemparé devant une telle injustice, Rémi finit par s'attacher à Vitalis et décide de devenir lui-même musicien ambulant tout en espérant retrouver un jour sa véritable mère. Mais les malheurs s'acharnent sur le pauvre Rémi qui devra faire preuve de courage et de volonté pour s'en sortir et parvenir à une vie de bonheur.

 

La génération ayant grandi dans les années 80 se souvient très certainement de Rémi, un dessin-animé que l'on doit au studio TMS et diffusée en France à partir de 1982 (sans doute l'une des meilleures adaptations du roman d'origine). Adaptation fidèle (malgré quelques ajouts) de l'oeuvre d'Hector Malot parue en 1878, cette série animée n'est cependant pas la première adaptation nippone du roman. En 1970, Toei Animation avait déjà proposé sa propre version de l'histoire dans un long-métrage bien oublié de nos jours. Ce film est semble-t-il sorti au cinéma en France le 1er octobre 1971 d'après le site du CNC, à la même date que 30'000 lieues sous les mers. A noter qu'une dernière adaptation japonaise a été réalisée en 1996, mais n'est jamais parvenu en France : dans cette nouvelle version très sympathique et bien réalisée, Rémi devient une fillette !

 

Le duo comique Pepe et Capi

 

Le film, bien court pour adapter une oeuvre s'étalant sur deux volumes, a dû subir de nombreux raccourcis dans le scénario et pas mal de modifications, qui ne tournent malheureusement pas toujours en sa faveur. L'histoire se concentre sur le voyage entre Vitalis et Rémi, l'emprisonnement du vieux maître, la rencontre de Rémi avec Mme Milligan et enfin les retrouvailles avec sa vraie mère. Destiné aux enfants, le film alterne entre passages assez tristes et scènes plus comiques pour contrebalancer l'aspect mélodramatique de l'histoire. Les animaux qui accompagnent Rémi dans son périple sont doués de parole, ce qui donne au long-métrage un aspect cartoon proche des films Disney. Le contexte social dans lequel se place le roman est quasiment oublié, occultant la personnalité trouble du père adoptif du garçon : dans le roman, c'est un homme victime de la misère qui souffre depuis son accident et décide de se débarrasser de Rémi, cette bouche supplémentaire encombrante qui n'est pas son fils pour toucher de l'argent; dans le film de 1970, il est présenté sous un jour négatif, violent et presque alcoolique. D'ailleurs, contrairement au roman, ce n'est pas M. Barberin qui recueille Rémi bébé, mais sa femme.

 

Rémi emmené de force par son père adoptif

 

Certains personnages sont traités différemment : le chien Capi par exemple, à l'origine propriété de Vitalis, devient un Saint-Bernard appartenant à Rémi bien avant sa rencontre avec son maître Vitalis, le perroquet Pepe est une création du film histoire de rajouter un autre sidekick comique à la galerie et enfin, le jeune Arthur Milligan devient une fillette prénommée Liz en pleine santé (à l'origine Arthur est un enfant fragile qui doit se déplacer en fauteuil roulant). Mais les grandes lignes du roman sont tout de même présentes (notamment la vente de Rémi pour raisons financières, son parcours avec Vitalis et enfin sa rencontre avec sa future famille). Quelques anachronismes parsèment le film (Rémi va à l'école, à une époque où Jules Ferry n'a pas encore déclaré la scolarité gratuite et laïque !), mais d'autres plus courants sont évités comme la Tour Eiffel qui n'apparaît donc pas lors de leur passage à Paris (sachant que l'histoire se déroule à peu près à l'époque où le roman a été écrit, donc vers 1878).

 

Partage de goûter avant le départ

 

Sans famille est donc une adaptation assez typique des films Toei de l'époque, notamment ceux réalisés par Yugo Serikawa : assez enfantins bien que non dénués de poésie, prenant de nombreuses libertés avec l'oeuvre d'origine, et rappelant par certains points les productions Walt Disney de la grande époque. Quelques chansons sont d'ailleurs à entendre dans le film, mais sans qu'elles ne cassent trop le rythme. La réalisation est vraiment très moyenne, y compris pour son époque. Le design désuet a cependant un certain charme pour qui aime les vieux films, de même pour les décors très colorés.

 

Une scène poignante du film : la mort de Joli-Coeur

 

Commentaires sur la VF

Réalisé à la même époque que 30'000 lieues sous les mers, le doublage, peut-être traduit à partir d'une version italienne (les deux films étant sortis en Italie dans les années 70), reprend une partie du cast vocal. Le doublage a beaucoup vieilli dans l'interprétation et surtout le choix des voix, en particulier pour Rémi. Au moins cette caractéristique très seventies a-t-elle permis de confirmer le doublage du film dans les années 70 ! 

 

Liste des comédiens ayant participé au premier doublage (Source : Planète Jeunesse)

Geneviève Hersent Rémi
Michel Bardinet Vitalis
Pierre-Auguste Richard Capi
Jean Louis Joli Cœur
Jacques Herlin Poivre
Geneviève Gérald Mme Milligan

 

Où trouve-t-on cette VF?

Ce doublage apparaît dans deux éditions VHS : une première chez Initial Vidéo/First Junior, probablement vers 1982-1983, qui utilise des illustrations tirées de la série animée Rémi ! Sans le résumé qui mentionne Capi et Pepe, l'acheteur croit avoir une cassette proposant des épisodes de la version télévisée. Probablement l'éditeur a-t-il voulu profiter de la diffusion de la série sur le petit écran pour vendre son film. Mais c'est loin d'être le point le plus grave : en effet, cette version ne dure que 30 minutes en tout (contre 80 minutes pour la version originale), le format étant ramené à celui d'un épisode de série télé ! Un massacre sans nom qui nous prive d'une bonne partie du doublage, car malheureusement c'est cette version que j'ai vu dans sa VF d'origine. Une deuxième édition beaucoup plus respectueuse (cette fois le film dure bien 80 minutes) est parue en 1992 chez UGC Vidéo sous le titre ''Sans famille''.

La VHS raccourcie sortie chez Initial Vidéo

Je suis toujours à la recherche d'une photo complète de l'édition 1992 chez UGC Vidéo.

 

Et le film, on peut le revoir dans de bonnes conditions ?

Oui, car à la surprise générale, le long-métrage est ressorti en DVD chez AK Vidéo en 2005; pour l'occasion, un nouveau doublage a été réalisé. Très correct et adaptant en français la chanson-thème du film, on pourra néanmoins regretter quelques libertés prises dans l'adaptation : le méchant oncle de Rémi n'est plus le beau-frère de Mme Milligan mais son frère, et le nom de Maman Barberin n'est jamais mentionné. AK Vidéo a fait l'effort de proposer une VOST, ce qui permet de comparer les dialogues avec la nouvelle VF et quelques légers bonus (en fait des textes sur le réalisateur du film et l'auteur du roman). Voilà donc un beau cadeau à offrir aux enfants et aux amateurs de vieux dessins-animés !

 

 

Crédits images :

Images personnelles (DVD AK Vidéo, 2005)

http://www.clubvhs.com/

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