Sans famille (1971 ?)
Titre original : Chibikko Remi to meiken Capi (ちびっ子レミと名犬カピ)
Année de production : 1970
Réalisateur : Yugo Serikawa (d'après le roman d'Hector Malot)
Sortie cinéma inconnue, mais doublage réalisé très certainement en même temps que 30'000 lieues sous les mers
Distributeur cinéma : Jacques Leitienne ?
Rémi est un petit garçon de huit ans qui vit dans le village pauvre de Chavanon avec sa maman Barberin, son chien Capi et son perroquet Pepe. Mais un jour, son père revient à la maison après un grave accident de travail et lui apprend qu'il est en réalité un enfant trouvé. À court d'argent, son père adoptif décide de vendre Rémi à Vitalis, un musicien ambulant qui parcourt le pays avec sa troupe d'animaux savants (un singe et deux chiens). D'abord désemparé devant une telle injustice, Rémi finit par s'attacher à Vitalis et décide de devenir lui-même musicien ambulant tout en espérant retrouver un jour sa véritable mère. Mais les malheurs s'acharnent sur le pauvre Rémi qui devra faire preuve de courage et de volonté pour s'en sortir et parvenir à une vie de bonheur.
La génération ayant grandi dans les années 80 se souvient très certainement de Rémi, un dessin-animé que l'on doit au studio TMS et diffusée en France à partir de 1982 (sans doute l'une des meilleures adaptations du roman d'origine). Adaptation fidèle (malgré quelques ajouts) de l'oeuvre d'Hector Malot parue en 1878, cette série animée n'est cependant pas la première adaptation nippone du roman. En 1970, Toei Animation avait déjà proposé sa propre version de l'histoire dans un long-métrage bien oublié de nos jours. Ce film est semble-t-il sorti au cinéma en France le 1er octobre 1971 d'après le site du CNC, à la même date que 30'000 lieues sous les mers. A noter qu'une dernière adaptation japonaise a été réalisée en 1996, mais n'est jamais parvenu en France : dans cette nouvelle version très sympathique et bien réalisée, Rémi devient une fillette !
Le film, bien court pour adapter une oeuvre s'étalant sur deux volumes, a dû subir de nombreux raccourcis dans le scénario et pas mal de modifications, qui ne tournent malheureusement pas toujours en sa faveur. L'histoire se concentre sur le voyage entre Vitalis et Rémi, l'emprisonnement du vieux maître, la rencontre de Rémi avec Mme Milligan et enfin les retrouvailles avec sa vraie mère. Destiné aux enfants, le film alterne entre passages assez tristes et scènes plus comiques pour contrebalancer l'aspect mélodramatique de l'histoire. Les animaux qui accompagnent Rémi dans son périple sont doués de parole, ce qui donne au long-métrage un aspect cartoon proche des films Disney. Le contexte social dans lequel se place le roman est quasiment oublié, occultant la personnalité trouble du père adoptif du garçon : dans le roman, c'est un homme victime de la misère qui souffre depuis son accident et décide de se débarrasser de Rémi, cette bouche supplémentaire encombrante qui n'est pas son fils pour toucher de l'argent; dans le film de 1970, il est présenté sous un jour négatif, violent et presque alcoolique. D'ailleurs, contrairement au roman, ce n'est pas M. Barberin qui recueille Rémi bébé, mais sa femme.
Certains personnages sont traités différemment : le chien Capi par exemple, à l'origine propriété de Vitalis, devient un Saint-Bernard appartenant à Rémi bien avant sa rencontre avec son maître Vitalis, le perroquet Pepe est une création du film histoire de rajouter un autre sidekick comique à la galerie et enfin, le jeune Arthur Milligan devient une fillette prénommée Liz en pleine santé (à l'origine Arthur est un enfant fragile qui doit se déplacer en fauteuil roulant). Mais les grandes lignes du roman sont tout de même présentes (notamment la vente de Rémi pour raisons financières, son parcours avec Vitalis et enfin sa rencontre avec sa future famille). Quelques anachronismes parsèment le film (Rémi va à l'école, à une époque où Jules Ferry n'a pas encore déclaré la scolarité gratuite et laïque !), mais d'autres plus courants sont évités comme la Tour Eiffel qui n'apparaît donc pas lors de leur passage à Paris (sachant que l'histoire se déroule à peu près à l'époque où le roman a été écrit, donc vers 1878).
Sans famille est donc une adaptation assez typique des films Toei de l'époque, notamment ceux réalisés par Yugo Serikawa : assez enfantins bien que non dénués de poésie, prenant de nombreuses libertés avec l'oeuvre d'origine, et rappelant par certains points les productions Walt Disney de la grande époque. Quelques chansons sont d'ailleurs à entendre dans le film, mais sans qu'elles ne cassent trop le rythme. La réalisation est vraiment très moyenne, y compris pour son époque. Le design désuet a cependant un certain charme pour qui aime les vieux films, de même pour les décors très colorés.
Commentaires sur la VF
Réalisé à la même époque que 30'000 lieues sous les mers, le doublage, peut-être traduit à partir d'une version italienne (les deux films étant sortis en Italie dans les années 70), reprend une partie du cast vocal. Le doublage a beaucoup vieilli dans l'interprétation et surtout le choix des voix, en particulier pour Rémi. Au moins cette caractéristique très seventies a-t-elle permis de confirmer le doublage du film dans les années 70 !
Liste des comédiens ayant participé au premier doublage (Source : Planète Jeunesse)
Geneviève Hersent | Rémi |
Michel Bardinet | Vitalis |
Pierre-Auguste Richard | Capi |
Jean Louis | Joli Cœur |
Jacques Herlin | Poivre |
Geneviève Gérald | Mme Milligan |
Où trouve-t-on cette VF?
Ce doublage apparaît dans deux éditions VHS : une première chez Initial Vidéo/First Junior, probablement vers 1982-1983, qui utilise des illustrations tirées de la série animée Rémi ! Sans le résumé qui mentionne Capi et Pepe, l'acheteur croit avoir une cassette proposant des épisodes de la version télévisée. Probablement l'éditeur a-t-il voulu profiter de la diffusion de la série sur le petit écran pour vendre son film. Mais c'est loin d'être le point le plus grave : en effet, cette version ne dure que 30 minutes en tout (contre 80 minutes pour la version originale), le format étant ramené à celui d'un épisode de série télé ! Un massacre sans nom qui nous prive d'une bonne partie du doublage, car malheureusement c'est cette version que j'ai vu dans sa VF d'origine. Une deuxième édition beaucoup plus respectueuse (cette fois le film dure bien 80 minutes) est parue en 1992 chez UGC Vidéo sous le titre ''Sans famille''.
Je suis toujours à la recherche d'une photo complète de l'édition 1992 chez UGC Vidéo.
Et le film, on peut le revoir dans de bonnes conditions ?
Oui, car à la surprise générale, le long-métrage est ressorti en DVD chez AK Vidéo en 2005; pour l'occasion, un nouveau doublage a été réalisé. Très correct et adaptant en français la chanson-thème du film, on pourra néanmoins regretter quelques libertés prises dans l'adaptation : le méchant oncle de Rémi n'est plus le beau-frère de Mme Milligan mais son frère, et le nom de Maman Barberin n'est jamais mentionné. AK Vidéo a fait l'effort de proposer une VOST, ce qui permet de comparer les dialogues avec la nouvelle VF et quelques légers bonus (en fait des textes sur le réalisateur du film et l'auteur du roman). Voilà donc un beau cadeau à offrir aux enfants et aux amateurs de vieux dessins-animés !
Crédits images :
Images personnelles (DVD AK Vidéo, 2005)